24 février 2017

“le Maître de Parole”
Conte de Pinard Selek  
Il faut être MAÎTRE DE SA PAROLE
Il était une fois dans un village un apiculteur, sa femme et leur fils. Tous trois
vivaient paisiblement jusqu'aux six-sept ans de leur enfant. A cette époque voilà que
l'enfant se met à souffrir d'une étrange maladie : une maladie qu'on appelle
la maladie du miel. Cette maladie oblige la personne à ne manger que du miel,
à ne boire que de l'eau. Un tel régime peut mettre la vie en danger.
L'enfant se met à maigrir. La mère s'inquiète, normal ; les voisines s'inquiètent à
leur tour. Elles proposent à la mère, de l'aider à nourrir autrement qu'elle
le fait, cet enfant qui ne mange plus.
Elles n'y réussissent pas davantage. Malgré les confiseries, les loukoums, les man-
gues, les loukoums qu'il adore, les pâtisseries, le riz à la vanille, l'enfant refuse de
manger, il dit "je ne veux pas manger, 
je veux du miel et de l'eau..."
L’enfant maigrit à vue d’oeil, les parents s’inquiétent davantage, ils le mènent de
docteur en docteur, de Nazreddine Hodja en Nazreddine Hodja mais quels qu'ils
soient, l’enfant ne répond rien d’autre que
« je ne veux pas manger, je veux seulement du miel et de l'eau !"

L'enfant dépérit. Les parents se lamentent. Y aurait-il quelqu'un capable de
les aider ?
C'est alors qu'un voisin toque à leur porte. Ils ouvrent. Il leur apprend l'existence
d'un sage "Il aidera votre enfant, vous le trouverez passé le troisième champ
d'oliviers !"
"Ce n'est pas tout près". disent les parents. "C'est vrai, !" dit l'homme qui sait
ce père et cette mère prêts à tout pour leur fils. Quelques jours plus tard, ils sont
devant le sage. Ils lui expliquent la situation de leur enfant .
"Il faut agir !" disent-ils d'une même voix !
"Il va mourir !" dit-elle
"Il va mourir !" dit-il !
"Je peux aider votre enfant" dit le sage. Le père et la mère reprennent espoir,
"mais" ajoute le sage "ils vous faudra attendre dix jours !"
Que raconte-t-il le sage, "Dix jours" disent-ils et la peur se lit sur leur visage
" Mais moins de dix jours mettront notre fils à mort !"
"Ayez confiance"" répliqua le vieil homme.
"Puisque tu l'exiges !, nous acceptons !" Le père et la mère
retournent à leur village.
Dix jours plus tard, l'enfant encore amaigri, et la crainte de sa disparition au
coeur, le père et la mère rejoignent le vieux sage. Le père porte une ruche sur
son dos "Voilà pour toi vieux sage" Le vieux sage éclate de rire. Il rit sans
pouvoir se retenir . Il dit 
"Mais comment as-tu deviné ? Oui, je suis comme ton fils, 
j'aime le miel, tenez, suivez-moi !"
Le vieil homme soulève un rideau. Il laisse apparaître un jardin et deux ruches :
"je suis comme votre fils, j'aime le miel, je ne mange 
que ça. L'histoire de votre enfant m'a interrogée. Comment vous 
répondre ? Que devais-je faire à part ne pas manger de miel durant 
dix jours. J'ai tenu bon. Vous pouvez dorénavant m'amener votre 
enfant. Je suis capable de l'aider maintenant !"
Un aller, un retour, un départ. Premier, deuxième, troisième jardin des oliviers.
"Bonjour, entrez, alors mon enfant, ainsi tu ne manges plus que du miel 
et tu ne boisque de l'eau ?" l'enfant hoche la tête. Le vieillard l'interroge
"Sais-tu que tu peux manger autre chose, 
sais-tu qu'il est nécessaire que tu manges autre chose, regarde,
essaie !" Le vieillard tend un quignon de pain à l'enfant. Ala grande surprise de ses
parents l'enfant le prend, le croque et l'avale.
Sur le chemin de retour les parents partagent leur étonnement : e vieux sage n'a pas
dit plus que ce qu'eux-mêmes avaient dit à l'enfant ; il n'avait pas dit plus que
n'avaient dit les voisines, le voisin. C'était évident : l'apiculteur avait un secret.
Ils devaient connaître son secret.

Un matin, le père et la mère retournent auprès du vieux sage. Après les salutations, ils lui demandent "Bonjour, nous sommes revenus pour connaître votre secret, vous avez bien un secret ?"
"Est-ce un secret ? Je ne mange que du miel, sans maigri, votre fils maigrissait, que pouvais-je vous répondre, ma parole était pauvre. Mon secret et dans la résistance. J'ai tenu dix jours sans manger autre chose que du miel. Vous vouliez qu'il mange autre chose, je lui ai dit qu'il pouvait le faire. je lui ai donné le quignon. Il a cru ma parole. C'est tout. Parce qu'elle était vraie. J'avais moi-même tenu bon. C'est ainsi que votre enfant a pu non seulement
m'écouter mais encore me croire. Pourquoi ? Parce que j'étais maître de ma parole.
Votre enfant s'est remis à manger car il a pu me croire. Ma parole était vraie !"
Ici, l'histoire prend fin. Ou bien, elle se poursuit. Chacun a le choix d'offrir sa vérité
pendant que l'autre a celui de la croire.