09 septembre 2010

Dilili dililing ding dong Tiens voilà revlà Lodile; Le conte n'est plus ce qu'il était

C'est à quel propos cette fois. Je me le demande, moi Loizo. Les vibrations du gong ne sont ni trop peu, ni trop trop. Que va-t-elle me raconter ? Qu'est-ce que tu dis Lodile ? Le conte n'est plus ce qu'il était ? Mais doit-il l'être ? Et quel est-il ?
Mais enfin voyons Loizo, le conte doit quitter la réalité, il doit nous emporter, nous enchanter, nous faire rêver. Le conte est voix, modulation, silence et parfois, peut-être, interpellation. Mais point n'est besoin que le public réponde. Le conte n'est pas sketche. Enfin, c'est ce que je pense moi Loizo, et toi ? Le conte file enfile effile refile. 
Oh moi Lodile, Entre nous, je veux rester prudent. Les colonnes de Buren quand on les a implantées dans la cour du Palais Royal ont déclenché un tollé quasi général.
 Aujourd'hui elles sont entrées dans le paysage. Tout comme les boules de Pol Bury en 1985 sur le parvis de la cour d'Orléans. 

Tout comme Le Magicien de Sanejouan qui accueille à sa façon le touriste qui débarque à Rennes par le train.

Je réponds "Tout change Lodile, toi comme moi, soit nous nous adaptons, soit nous tournons le dos à l'avenir"
Elle me regarde bouche bée. "Tu veux rire Loizo, tout change dans le superficiel, mais le profond Loizo, le profond Loizo ; et le mot Loizo, le mot !"
Ah le mot. Je me mets à rêver. S'ils étaient plusieurs j'en ferai bien un petit conte. Ou un petit mail, un mail, l'émail, l'émail, l'émeaux. Elle me rappelle à l'ordre "Loizo !" Je sursaute, perd quelques plumes "Je t'écoute, Lodile !" Alors elle raconte son étonnement d'une soirée conte. Le conteur habillé "comme toi et moi", dit-elle, "sans relief, une voix sans couleur, chargée d'alcool et de cigarettes,  -c'est elle qui parle- des mots grivois qui dérapent tous les trois pas, des mots qu'on dit vulgaires ou que d'aucuns ne disent pas. Des histoires mythologiques ramenées au goût du jour et qui perdent leurs valeurs universelles" Me dit-elle. "C'est toi qui dis" dis-je pour me protéger, mais je dois convenir que je ne suis pas loin d'être en accord avec elle. Par-dessus mes murailles dernièrement j'écoutais un de ces conteurs qui s'effacent car l'âge les emporte. Ses redondances, ses musicalités, ses silences, ses interrogations restées sans réponse, sinon la poursuite de son conte. Si bien qu'il s'était arrêté de parler, si bien qu'il n'était déjà plus là, que je ne m'en étais pas rendu compte. Je rêvais.
"Est-ce l'effet du slam ? Pas vraiment, j'en connais de superbes". Dit-elle. "Mais les mots des conteurs ne sont plus enchanteurs Loizo. Enfin pour moi. Je ne décolle plus. Je ne m'envole plus. Je sens la chaise, je sens ceux qui m'entourent. Je ne suis plus dans le chemin du héros. Je ne suis pas ailleurs. La langue que j'entends n'est plus celle que j'ai apprise ; elle a évoluée et je n'arrive pas à me la mettre dans l'oreille. Et je m'interroge Loizo. Est-ce là ce que l'on enseigne aujourd'hui ? Sous prétexte que l'on s'adresserait à de jeunes adolescents, il faudrait parler comme eux ? Sous prétexte que l'on s'adresse à une population qui ne part pas en vacances il faudrait parler faubourg ? Les faubourgs n'existent plus. Je m'interroge. Vais-je devoir reprendre des cours ? Qu'en dis-tu Loizo ?"
Je reste prudent. Les temps changent Lodile. Même les mots évoluent. Il n'y a plus de roi, de princesse, de fée, de korrigan. Peut-être même n'y a-t-il plus de symbolique. Je me tais.
"Bon" dit-elle. Je vois que tu n'as rien à répondre Loizo. Je m'en vais. Mais laisse-moi penser que je pense que le conte s'en va Loizo, le conte s'en va !!!! "
Dind dilili dililing ding ding au revoir Lodile. Elle est partie.  Je n'ai pas su quoi répondre. Pas conteur Loizo. ....