28 octobre 2006

En rire

Un moment sympathique, bras dessus bras dessous, quelque chose de léger, peu importe le sujet mais les cheveux auraient pu en tomber.
Toute ambiance eût paru catastrophique. Seulement comprendre que le pire ne surviendrait plus. Elles sont montées sourire aux lèvres dans l'autobus. Un rapide croisé de regards et chacune repére le côté lugubre du véhicule. Une longue alignée de personnes seules et sérieuses l'une derrière l'autre côté fenêtre sur une longue alignée de banquettes doubles ! L'impossible partage du côte à côte ! L'image sauta soudain si triste à leurs yeux qu'elles éclatèrent de rire, d'un rire, si fou rire, que la folie de celui-ci se répandit de banquette à banquette. Elles eurent la même idée : l'une s'assit auprès de celui-ci, l'autre s'assit auprès de celui-là et le fou rire se répandit partout jusqu'au chauffeur... qui tenait sa fenêtre ouverte : le rire s'en alla de par le monde secouer l'indifférence.
(From The world in English Today, from The Daily Telegraph - Thanks to David Hensel)

Si elle n'était pas sortie

Parfois le gong ne vibre pas sous les doigts d'Odile. Elle réfléchit, ailleurs. Elle s'y dit qu'ils étaient bons les parfums respirés, belles les inutilités découvertes, sympathique la rencontre avec ses anciennes lectrices, agréable leur suggestion de fêter Weenhallo, subtile l'interpellation du passant. C'est vrai qu'elles étaient mignonnes ces grandes filles devenues qui au bout de quatre ans ne l'oubliaient toujours pas. Comme il se penchait vers elle elle lui répondit : "En effet, ce n'est pas désagréable, cette attention" Aussitôt après elle pense qu'on ne peut pas vivre que de la présence d'autrui. "Ce parfum de mangue est un vrai délice !" lui dit-elle. Car elle lui a dit "oui" et les voilà assis côte à côte. Dégustant un cornet de glaces en automne. Mais pourquoi pas aurait dit la fourmi de Rpbert Desnos. Amusant ! Mieux, vivant ! Chance qu'elle se soit décidée à sortir. Diling diling, le gong vibre sous les doigts d'Odile. Dans mon hamac je tourne la tête. Que va-t-elle me raconter ? Jolie ton moment lui dis-je quelques minutes à peine plus tard. Elle rieuse, je sais, au revoir Loizo, je dois sortir. Diling diling...... Ah sortir, un de ces jours moi aussi je m'envolerai.

Les feuilles tombent. Nettoyage

Trois ... Tout de blanc De la tête aux pieds Jusqu'aux gants..... Vêtus. De main en main Tombent. Les sacs noirs. Dans le camion blanc. Blanc carrare. Urbaine. Qui laisseras-tu de marbre ? Mort. (poème de saison sur suggestion de fin d'été. Les majuscules servent de retour à la ligne : pour comprendre à peine plus, "carrare" est une société de Services)

25 octobre 2006

C'est comme ça

J'ai d'abord cru qu'elle était partie en vacances. Je les trouvais un peu longues. J'ai donc envisagé qu'elle avait pris le chemin de la maison de retraite. Quelque chose me disait que ce n'était pas vrai. Et tous les jours je tournais la tête vers son deuxième étage en me disant qu'elle allait apparaître, que j'allais la voir de nouveau arroser ses géraniums, surveiller l'asparagus, admirer les fleurs de la passion qui embellissaient son jardin d'hiver. Que je la saluerais, d'un sourire. Pour en savoir davantage devant ces volets blancs inexorablement fermés j'ai écrit. Une petite carte avec des pots de fleurs, un plantoir, un sarcloir. Le lendemain en ouvrant les miens j'ai reconnu ses meubles alignés sur le trottoir. Je n'ai pas de mots pour dire ce qui s'est passé dans mon corps. En un instant je me suis retrouvée chez elle. Elle m'en parlait tant, me montrait si souvent leurs photos que sans les avoir jamais vus je les ai reconnus : sa famille, balai et éponge en main. J'ai compris. Je ne demande jamais rien. Je l'ai fait. Aujourd'hui mon balconnier abrite quelques belles têtes de géraniums rouges. Je les salue le matin. Je leur dis "Bonjour Marthe"

21 octobre 2006

Sur un air de campagne

Elle sirote son Laibey's Odile, comme un amant le baiser de sa tendre amie. J'attends. Qu'a-t-elle dit ? Le mauvais goût de la cantine ! C'est bien connu, c'est pas original, pas de quoi en faire un plat. Il doit y avoir autre chose. Oh la là, trop trop bon, je n'en garderai pas même une seule bouteille dans mon frigo. Odile au bon sens se prudence. Je m'y remets. Bon, quoi plus encore à propos du mauvais goût de la cantine. C'est que ça ne se passe pas dans l'assiette. Pas dans l'assiette dis-tu, alors où ? A côté. Comment ça à côté, tu veux dire dans les cuisines. Non, je dis à côté de l'assiette. Nos lycéens mangent à même la table maintenant ? Non mais ils utilisent une serviette. C'est préférable non ? ça dépend ! Comment ça ça dépend, ça dépend de quoi ? De la serviette. Blanche je suppose ? Pas vraiment. Colorée ? Bien plus ? Comment ça bien plus. Je réfléchis. J'utilise un terme compliqué : sérigraphiée ? Je ne sais pas mais en tout cas, imprimée. Je spécule : Avec les dates du prochain bac blanc ? Bonne idée, mais erreur. Sur quoi ? Sur le sujet ! Là, je "capitole" et lui réponds : langue au chat. Je te la rends : les accidents de scooter ! Comment ça ? Avec un dessin et un slogan ! Dis-m'en plus ! Un ado accidenté, un scooter défoncé, un commentaire éducatif "En scooter la meilleure protection c'est le code de la route !" signé Prévention Routière rouge blanc bleu compris pour s'en essuyer les lèvres !" Non sans blague dis-je, indigeste la serviette ! C'est exact répond-elle, d'ailleurs les les ados ne veulent pas les serviettes. Ils trouvent qu'elles ont mauvais goût ! Pour ma part je préférais l'affiche de l'Ankou en scooter, et dans la lignée je me dis que cette fois 'ils auraient pu imprimer l'histoire de la Dame Blanche, casque à la main en forme de crâne en guise de set de table, texte écrit signé Anne Le Merdy une agréable conteuse sarthoise, mais je demande "Et ta fille ?" Pire ou mieux, tout dépend. J'ai appris que ça la dégoûtait tellement qu'elle ne mange pas à la cantine. Elle va ou ? Chez Od Cam avec Olivier acheter un sechee. C'est pas meilleur pourtant ! C'est vrai surtout qu'il y a pire : ils le mangent ensemble en roulant en scooter ! Inquiétant en effet ! Tu as tout compris Loizo, c'est pour ça que j'aime bien venir chez toi. Heureusement, ça finit la s'maine prochaine la campagne. D'ailleurs je retourne dans la mienne Loizo. Et me voilà seul maintenant. Avec le souvenir léger de ses fines chevilles disparaissant avec ses ballerines. Vous revoilà ? Excusez-moi, je ne vous avais pas vu : vous prendrez bien un Laibey's ? Le carré de tissu blanc sur votre droite.... , Oui, c'est une serviette.

Sûrement d'l'Odile

Diling diling ! Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas manifesté le génie de ma terrasse ! Sûrement de l'Odile dans le coin. Même pas besoin de tourner la tête. Bonjour me dit-elle. Quelque chose dans le fond de sa voix m'interpelle. Quoi donc encore. Un problème Odile ? Que nenni que nenni ! Pourtant il me semble entendre comme une contrariété. T'as de l'oreille Loizo. Bon, me voilà rassuré. Alors qu'y a -t-il de précis, un ennui. Pas vraiment c'est à propos de.... Elle s'arrête. Je la motive : à propos de ...? Ma fille bien sûr, elle m'inquiétait. Ah bon, les études, ? Non de ce côté dieu merci ça fonctionne ! Les copains les copines ! Non de ce côté ça fonctionne aussi ? Son père ? Non, c'est pas le Pérou mais rien à dire ! L'amour alors ? Non plus, ça pointe son nez mais c'est pas tout à fait ça encore. Je donne ma langue au chat Odile, tu vas bien préciser. Le mauvais goût d'la cantine ! Que je vous dise, je buvais un peu de curaçao au citron, un blue je ne sais trop quoi, la suprise a manqué m'étrangler. Je répète esbaudi "Le mauvais goût d'la quoi ?" Elle répond avec sobriété : d'la cantine ? Je m'avoue vaincu : j'comprends pas. Je t'explique Loizo mais d'abord un p'tit sirop.Et elle s'est tournée vers la fontaine, il y rafraîchissait.

17 octobre 2006

Cour d'école

Je les vois, je les entends. Ils se cognent. Aïe. Ils respirent. Une violette parfume une filette. Un malabar nage dans la bouche d'un petit garçon. Ils bougent, sautent, crient. Se touchent, castagnent, bousculent. Se trébuchent. En rient. Cependant la cour est vide. Seuls, tout plein éparpillés, les petits soleils colorés tournent de plus en plus lentement. Ils s'immobilisent. Méli-mélo couchés emmêlés mêlés, les rigides rayons bleus rouges verts touchent terre, ou mur. Les guidons se reposent. Dans l'obscurité, ailleurs, allongés sur leurs petits matelas ils somnolents, rêveurs. A la cloche qui sonnera ils débouleront petits nains, petits elfes, déroutants petits géants. Ai-je pensé tout haut ? Les trotinettes frissonnent. Du plaisir de reprendre leur pied dans la cour d'école.

15 octobre 2006

Succession

Un jour on porte un miracle. Autant dire demain. Il vient. Passe le temps. Grandit l'enfant. D'un souffle, un matin, il porte la terre dans ses mains... Miracle.

13 octobre 2006

Violence scolaire

Ils sont vivants. On dira adultement parlant "trop vivants". Leurs bras mesurent des milliers de mètres, leurs pieds s'allongent au gré de leur fantaisie : ils se parlent sans cesse en se touchant. En rient. Parfois en pleurent. On s'inquiète. Ils répondent "Pas graveuh ! on joue" et ils s'y remettent. Aujourd'hui, inspirés par la chance (nous sommes le vendredi 13) ou le bonheur d'un généreux soleil béatement transi par la présence simultanée de la lune, ils s'allongent presque tous, à même la cour, côte à côte sans se toucher et dégustent, zens, un merveilleux bain de soleil . Sûre que la cloche s'y mettra. Elle oubliera son driiiiiiig à devenir Gonnnnnnnnnnnnnnnnnng. C'est bon la relaxation.

Voir

Alors même que je le découvre, que je remarque ses grands yeux bleus d'elfe inquiet ainsi que leur magnifique et rare courbe sourcilière, ses voisins de table (presque les miens) se tournent vers moi. Ils m'interpellent gondolés de rires : "hi hi hi , Regarde Loizo, il n'a que trois doigts !" J'en reviens si peu que je leur réponds "Il a des yeux merveilleux" et tous de découvrir étonnés cette évidence qui leur sautait aux yeux.

12 octobre 2006

Vive le deuil !

déjà vu, le sujet de la grand-mère qui meurt durant les sacros-saintes vacances de Carnaval, si saintes au Vénézuéla que tout le pays se paralyse y compris les pompes funèbres. Cependant pas vraiment le sujet cette fois. Le film qui interpelle c'est Little Miss Sunshine : on y rit on y pleure et on ne sait plus très bien si on y pleure de rire ou si on rit de tristesse. Désopilantes vraies larmes, tristes vraies rires. Une succession d'évènements plus ou moins incongrus et parfois pas du tout. Et si peu que, dans la salle, il y a plus silencieux que le silence. Personne ne bronche et quelques nez se devinent humides. Tout commence avec un frère qui en revient, un grand père qui ne désire pas la quitter, un fils qui se demande comment y entrer, un père qui enseigne à la performer, une mère qui veille à la protéger, et une jeune enfant émouvante qui ne pense qu'à y passer un concours de jeunes beautés sophistiquées. Vive le deuil.... Au fait, vrai question : pourquoi ne fait-on pas de reportage photos au cours des enterrements comme on le fait au cours des mariages ? Il me revient avoir été choquée par l'idée qu'un jeune fils ne saurait jamais combien il y avait eu de jeunes gens, jeunes femmes à l'enterrement de son jeune père volontairement en désaccord avec elle (la vie). Dommage ! Salut, à la prochaine !

09 octobre 2006

Vérité

9 h. Lundi. Le métro. Une rame. Quelques visages défaits, des regards sans vie, des bouches tendues, un silence austère, une lourdeur pesante. Soudain un être de féerie : teint clair, cheveux longs et bouclés, visage juvénile. Deux mains rieuses offrent à chacun la contemplation inattendue d'un impair bouquet de roses rouges : les fauteuils font place au vert bocage et l'ether apparaît. "Belle semaine Messieurs Dames" dit-il en nous quittant. Certains à l'instant réveillés se demandent s'ils.... n'ont pas rêvé.

05 octobre 2006

Les jardiniers modernes

Et oui voilà vous me connaissez. Aujourd'hui enfin j'apparais. Bon d'accord je fais un peu la tronche, mais.... il y a de quoi. Deux jours que j'aspire au silence. Tout simplement. Mais peine perdue. Hier toute la journée tondeuse, tronçonneuse, coupe bordures, taille haie, se sont régalés, et bien que tout électrique, tous moteurs superdécibellisés. Au matin ma vigilance habituée avait fini par oublier. Mais l'après-midi le concert a eu raison d'elle. Tête, voix, mains, à mon service tout comme jambes, voilà que ces dernières ne m'obéissent plus et se déplacent direction le balcon. Elles jettent un oeil habile par dessus et s'effrayent : un dinosaure affamé avale sans cesser des tonnes de branches, feuilles et racines à les pulvériser aussitôt en micro milliards de milliers de poussières. Mes jambes ahuries remarquent le dinosaure enfler enfler enfler. Sourdes à mes appels -elles me manquent tout de même- voilà qu'elles enjambent la rambarde et colères arrachent au seul humain - il y en a un trois- l'unique casque sensé les protéger de toute nuisance. Quelques minutes plus tard, transformée moi-même en insecte géant mais libérée à mon tour, je remercie mes jambes et vous rédige en direct cet instant fortement bruyant dont je n'avais nul besoin. pas plus que ces "trépidances" qui font mes pieds danser : et oui, mon plancher tremble. Jardiniers d'antans pourquoi n'êtes vous plus ? Olà, et si j'allais faire un tour sur ma terrasse ! J'y vais

Inintéressant

mais amusant, le jour de la Fête des Seniors, de se faire cueillir par deux ados et son miroir, sur le trottoir. Quelle chute ! Sans ces six mains bienveillantes elle aurait pu rester sur le tas... pardon sur le cul ! Heureusement deux fois dans la même journée, trop improbable. Merci belles inconnues. Merci jeunes amies. Vive l'intergénérationnel.

Ecoute

Instant, silence, rencontre, échange. Le lieu était sympathique, une sorte d'oasis, une mise à l'écart bienveillante. Le succés l'emporta : mouvements, jeux, musique, bonheurs, sourires, éclats, bruyances, brouhahas familiers et sympas. Dans l'oasis elle résistait, les enfants écoutaient, participaient, riaient, s'en allaient et revenaient : c'était la règle : toucher à tout, tout découvrir. L'écoute est fragile dans le bruit. La voix en filet. Elles ne furent plus que trois dans l'oasis. A se sourire ! L'une d'elle se leva et trois minutes plus tard ils entraient les uns après les autres. La parole s'est lancée. Les yeux ont vu en un instant sur leurs visages l'horreur refusée et leurs épaules qui se laissaient aller à écouter, malgré tout. Quelques instants plus tard ses oreilles entendaient leurs commentaires satisfaits : se mettre à l'informatique, ne pas douter de son enfant, ne pas basculer les vieux dans le vide. De vieilles histoires à l'air du temps... des Seniors d'octobre.

Instants défis lents

Bonjour ! Porte entrouverte. Juste un oeil qui glisse.... Ecouteurs sur les oreilles..... elle se douche ! // Déjeuner !..... A peine quelques palabres : "je ne suis pas née pour être pauvre, moi !" //// D'où sort-il ? Qui est-il ? Elle ne le connaît pas. Il n'arrête pas de monologuer, de l'linterroger, de la couper, de parler de lui. Elle pourrait en terminer là. Elle est pourtant sûre de vouloir le faire ! Elle est comme pétrifiée de n'y pas croire. Le couperet tombe quand il remet en cause son accent ! Mais pas suffisamment. Encore à cet instant elle ne raccroche pas et pourtant lui revient une phrase "Avec votre accent on ne comprenait pas ce que vous nous disiez" ainsi que le visage des deux secrétaires auprès desquelles un temps elle a travaillé longtemps. Heureusement Hasard veillant il la quitte car on l'appelle ! Et lui revient tout ce qu'il ne veut pas dire. Besoin de sortir. Elle sort.

03 octobre 2006

juste glané, mon no comment à moi

Un adulte entre dans une école, écarte les professeurs, sépare filles des garçons, ligote les filles, en tue trois, en blesse deux, se suicide. Commentaire du journaliste : c'est le 4ème cas de "violence scolaire" et le plus grave en une semaine. Violence scolaire // // glané encore : "l'adulte se penche sur l'enfant : Tu m'as tutoyé ? On ne me tutoie pas, je suis le directeur moi. les animateurs tu les tutoies mais pas moi !! (rectification) Enfin les animateurs tu dois leur parler correctement !"

02 octobre 2006

Sacrée Odile

Quelqu'un frappe discrètement, c'est sûrement elle. C'est elle, c'est Odile ! "J'ai une insomnie Loizo" me dit-elle. Je décroche mon regard de l'étoile Polaire que j'observais histoire de ne pas perdre le nord avant de m'endormir. Elle me dit rieuse : "Je savais que tu ne dormais pas Loizo" "J'espère au moins que tu as des choses sympathiques à me raconter " lui réponds-je en m'attendant au pire. Et bien Mea Culpa, m'attendre au pire c'était me tromper. "Laisse-moi te raconter" J'ai haussé les épaules. Elle est entrée dans la brèche. "Je viens d'écouter un conteur, j'adore ça, mais cette fois, c'était super ! Je te raconte : il était tout vêtu de blanc. Il nous parlait des mille et une nuits, des vraies, avec sexe, amour et fantaisie, djinns, suspens, humanisme et -corde à la poutre- pendaisons. Justement c'est au moment de la pendaison qu'une chose étrange s'est produite : la porte s'est ouverte. Silencieusement, les unes après les autres, des silhouettes sont entrées et se sont assises. Le conteur étonné, presque à s'arrêter de parler, a inclus avec humour les nouveaux venus dans l'histoire : ils sont devenus foule qui allait assister à une pendaison pleine de péripéties. Et moi j'ai cru mourir de rire. Parfois le conteur semblait perdre le fil de son histoire -il faisait sûrement exprès d'ailleurs- mais le plus drôle était un groupe de jeunes filles -dont une- qui ne l'avaient justement pas perdu et qui lui rappelaient où il en était. C'est vrai que cette histoire n'est pas banale et qu'elle est fort intéressante. J'ai remarqué l'intérêt silencieux que lui portaient des jeunes gens un peu étonnés d'entrer dans un spectacle sans y avoir été préparés. Pour ma part, il y avait longtemps que je n'avais pas ri autant. Le conteur a terminé, un peu esbaudi par sa maîtrise. Et je me suis crue à la fête du sultan quand, pour de vrai, une vraie spectatrice m'a tendu une boîte de pâtisseries tunisiennes directement arrivées de Tunis avec elle par l'avion du jour. Et le paquet a tourné avec générosité. Le thé à la menthe de même, et -excuse-moi Loizo- mais ce qui manque sur ta terrasse, les narguilés ! Dommage que tu n'aies pu venir c'était excellent, sauf que moi, je n'ai pas eu de narguilé ! a-t-elle soulignée comme légèrement frustrée" Oh oh, ai-je répondu, j'ai désir compris Odile" et dame blanche, elle a refermé la porte sur elle en souriant. Dans mon hamac les yeux tournés vers la voûte étoilée à la recherche de Pieu d'Acier je me suis demandé si je n'avais finalement pas déjà rêvé. Peu importe, il est tard, bonne nuitée à vous et à demain dans le souk pour remédier à l'absence du narguilé.