J'ai d'abord cru qu'elle était partie en vacances. Je les trouvais un peu longues. J'ai donc envisagé qu'elle avait pris le chemin de la maison de retraite. Quelque chose me disait que ce n'était pas vrai. Et tous les jours je tournais la tête vers son deuxième étage en me disant qu'elle allait apparaître, que j'allais la voir de nouveau arroser ses géraniums, surveiller l'asparagus, admirer les fleurs de la passion qui embellissaient son jardin d'hiver. Que je la saluerais, d'un sourire. Pour en savoir davantage devant ces volets blancs inexorablement fermés j'ai écrit. Une petite carte avec des pots de fleurs, un plantoir, un sarcloir. Le lendemain en ouvrant les miens j'ai reconnu ses meubles alignés sur le trottoir. Je n'ai pas de mots pour dire ce qui s'est passé dans mon corps. En un instant je me suis retrouvée chez elle. Elle m'en parlait tant, me montrait si souvent leurs photos que sans les avoir jamais vus je les ai reconnus : sa famille, balai et éponge en main. J'ai compris. Je ne demande jamais rien. Je l'ai fait. Aujourd'hui mon balconnier abrite quelques belles têtes de géraniums rouges. Je les salue le matin. Je leur dis "Bonjour Marthe"
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