19 mars 2017

Tiens, revl'à Lodile ce 19 mars 2017 dililili ding ding ding

Sous ses doigts, le carillon se fait léger
sur son visage se lit le bonheur
sur ses lèvres s'éclate un sourire.
Que va-t-elle, à moi Loiso, dire ?

Cette poésie qu'ici
sous les mots de Claris de Florian (1755-1794)
je vous propose de découvrir
comme un conte bienvenu.


Le vieil arbre et le jardinier (Fables - 1792)
Fables (1792).


Un jardinier, dans son jardin,
Avait un vieil arbre stérile ;
C'était un grand poirier qui jadis fut fertile :
Mais il avait vieilli, tel est notre destin.

Le jardinier ingrat veut l'abattre un matin ;
Le voilà qui prend sa cognée.

Au premier coup l'arbre lui dit :
"Respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit
Que je t'ai donné chaque année.
La mort va me saisir, je n'ai plus qu'un instant,
N'assassine pas un mourant
Qui fut ton bienfaiteur."
Je te coupe avec peine, 
Répond le jardinier ; mais j'ai besoin de bois. 

fr-dreamstim 

Alors, gazouillant à la fois,
De rossignols une centaine
S'écrie : "Épargne-le, nous n'avons plus que lui :
Lorsque ta femme vient s'asseoir sous son ombrage,
Nous la réjouissons par notre doux ramage ;
Elle est seule souvent, nous charmons son ennui" 



Le jardinier les chasse et rit de leur requête ;
Il frappe un second coup.

D'abeilles un essaim
Sort aussitôt du tronc, en lui disant : "Arrête,
Ecoute-nous, homme inhumain :
Si tu nous laisses cet asile,
Chaque jour nous te donnerons
Un miel délicieux dont tu peux à la ville
Porter et vendre les rayons :
Cela te touche-t-il ?" 


Image empruntée à (on croirait voir un paresseux)

J'en pleure de tendresse,
Répond l'avare jardinier :

"Eh ! Que ne dois-je pas à ce pauvre poirier
Qui m'a nourri dans sa jeunesse ?
Ma femme quelquefois vient ouïr ces oiseaux ;
C'en est assez pour moi : qu'ils chantent en repos.
Et vous, qui daignerez augmenter mon aisance,
Je veux pour vous de fleurs semer tout ce canton"


Cela dit, il s'en va, sûr de sa récompense,
Et laisse vivre le vieux tronc.

Comptez sur la reconnaissance
Quand l'intérêt vous en répond.
Jean-Pierre Claris de Florian.

Read more at http://www.poesie-francaise.fr/jean-pierre-claris-de-florian/fable-le-vieux-arbre-et-le-jardinier.php#BFBYlAHj2ZPcIaR7.99


Vous avez faim et soif, N'oubliez pas le plateau, sous les feuilles de bardane, les jus de goyave ou de grenade, le thé à la menthe ou la cachaça.... N'hésitez pas et... revenez. Au plaisir. A bientôt.



05 mars 2017

Atelier scolaire

Dans une école, je mène deux ateliers. 
L'un, classique intitulé "Contes d'ici et d'ailleurs" : un tour du monde en cinq continents. 
L'autre un peu spécial, intitulé "Brain Gym"
C'est ce dernier qui a laissé les enfants CM1 CM2 un brin déstabilisés.
"Mais Lania, c'est pas de la gym, on croyait que c'était de la gym"
Alors, je tente de les séduire à la chose.
J'utilise les rayures de mon tapis pour les faire serpenter en deux groupes et s'entrecroiser sur la ligne centrale. C'est un peu confus la première fois ; la seconde les enfants commencent à prendre du plaisir, à "comprendre" petit à petit.  
J'entrecoupe de lecture d'un texte "lu d'abord avec les yeux et ensuite à voix haute". Ils me reprennent "on lit toujours avec les yeux Lania" C'est vrai, vous avez raison, mais je n'ai pas dit  de lire "à voix haute" tout de suite. Petit à petit les enfants jouent le jeu. Si bien que 
"Quoi, c'est déjà la fin ?" 
Oui, alors allongez-vous, respirez doucement, tranquillement, reposez-vous. Petit à petit je vous toucherai. Quand vous sentirez mon geste, vous vous lèverez doucement en repliant vos genoux sur le côté.... et vous irez vous préparez.
Je fais. Je remarque que certains enfants sont vraiment relâchés et détendus. Je fais attention à leur reprise de contact avec la pièce. "Trop bien" me disent certains.
Je remarque un petit groupe auprès de leur institutrice qui sourit. Je l'interroge."Sont-ils contents ?"
Elle m'apprend qu'ils se sont montrés étonnés : "ce n'est pas de la gym"
Non, c'est vrai, c'est de la brain gym. Elle connaît.
J'interroge : 
"Je recommence, vendredi les enfants ou j'arrête ?"
Non, tu recommences Lania ! 
Avec plaisir les enfants.

02 mars 2017

"Paroles de femmes, paroles de Paix" avec Lania à Guichen

au café L'Accueil Breton
de 18 h 30 à 21 h

 "Chemins de Femmes" 
Au programme
La plus courageuse, la plus audacieuse, la plus maternelle, la plus sidérée, la plus amoureuse, la plus conteuse... Faibles et Fragiles mais Fortes : les Femmes. Plutôt capables de tout, il était une fois à Guichen, d'Irlande en Tarn-et-Garonne passant par la Bretagne ou Cuba, vous les croiserez.
Simplicité oblige : apportez vos textes, vos phrases, vos auteurs. 
LE SUJET DE LA PAIX DOIT ÊTRE ÉBRUITÉ

http://culturedela paix.org

C'est la chaude loi des hommes
Du raisin ils font du vin
Du charbon ils font du feu
Des baisers ils font des hommes

C'est la dure loi des hommes
Se garder intact malgré
Les guerres et la misère
Malgré les dangers de mort





C'est la douce loi des hommes
De changer l'eau en lumière
Le rêve en réalité
Et les ennemis en frères

Une loi vieille et nouvelle
Qui va se perfectionnant
Du fond du coeur de l'enfant
Jusqu'à la raison suprême

Paul ELUARD

emprunt de la photo à fr.123fr.com

24 février 2017

“le Maître de Parole”
Conte de Pinard Selek  
Il faut être MAÎTRE DE SA PAROLE
Il était une fois dans un village un apiculteur, sa femme et leur fils. Tous trois
vivaient paisiblement jusqu'aux six-sept ans de leur enfant. A cette époque voilà que
l'enfant se met à souffrir d'une étrange maladie : une maladie qu'on appelle
la maladie du miel. Cette maladie oblige la personne à ne manger que du miel,
à ne boire que de l'eau. Un tel régime peut mettre la vie en danger.
L'enfant se met à maigrir. La mère s'inquiète, normal ; les voisines s'inquiètent à
leur tour. Elles proposent à la mère, de l'aider à nourrir autrement qu'elle
le fait, cet enfant qui ne mange plus.
Elles n'y réussissent pas davantage. Malgré les confiseries, les loukoums, les man-
gues, les loukoums qu'il adore, les pâtisseries, le riz à la vanille, l'enfant refuse de
manger, il dit "je ne veux pas manger, 
je veux du miel et de l'eau..."
L’enfant maigrit à vue d’oeil, les parents s’inquiétent davantage, ils le mènent de
docteur en docteur, de Nazreddine Hodja en Nazreddine Hodja mais quels qu'ils
soient, l’enfant ne répond rien d’autre que
« je ne veux pas manger, je veux seulement du miel et de l'eau !"

L'enfant dépérit. Les parents se lamentent. Y aurait-il quelqu'un capable de
les aider ?
C'est alors qu'un voisin toque à leur porte. Ils ouvrent. Il leur apprend l'existence
d'un sage "Il aidera votre enfant, vous le trouverez passé le troisième champ
d'oliviers !"
"Ce n'est pas tout près". disent les parents. "C'est vrai, !" dit l'homme qui sait
ce père et cette mère prêts à tout pour leur fils. Quelques jours plus tard, ils sont
devant le sage. Ils lui expliquent la situation de leur enfant .
"Il faut agir !" disent-ils d'une même voix !
"Il va mourir !" dit-elle
"Il va mourir !" dit-il !
"Je peux aider votre enfant" dit le sage. Le père et la mère reprennent espoir,
"mais" ajoute le sage "ils vous faudra attendre dix jours !"
Que raconte-t-il le sage, "Dix jours" disent-ils et la peur se lit sur leur visage
" Mais moins de dix jours mettront notre fils à mort !"
"Ayez confiance"" répliqua le vieil homme.
"Puisque tu l'exiges !, nous acceptons !" Le père et la mère
retournent à leur village.
Dix jours plus tard, l'enfant encore amaigri, et la crainte de sa disparition au
coeur, le père et la mère rejoignent le vieux sage. Le père porte une ruche sur
son dos "Voilà pour toi vieux sage" Le vieux sage éclate de rire. Il rit sans
pouvoir se retenir . Il dit 
"Mais comment as-tu deviné ? Oui, je suis comme ton fils, 
j'aime le miel, tenez, suivez-moi !"
Le vieil homme soulève un rideau. Il laisse apparaître un jardin et deux ruches :
"je suis comme votre fils, j'aime le miel, je ne mange 
que ça. L'histoire de votre enfant m'a interrogée. Comment vous 
répondre ? Que devais-je faire à part ne pas manger de miel durant 
dix jours. J'ai tenu bon. Vous pouvez dorénavant m'amener votre 
enfant. Je suis capable de l'aider maintenant !"
Un aller, un retour, un départ. Premier, deuxième, troisième jardin des oliviers.
"Bonjour, entrez, alors mon enfant, ainsi tu ne manges plus que du miel 
et tu ne boisque de l'eau ?" l'enfant hoche la tête. Le vieillard l'interroge
"Sais-tu que tu peux manger autre chose, 
sais-tu qu'il est nécessaire que tu manges autre chose, regarde,
essaie !" Le vieillard tend un quignon de pain à l'enfant. Ala grande surprise de ses
parents l'enfant le prend, le croque et l'avale.
Sur le chemin de retour les parents partagent leur étonnement : e vieux sage n'a pas
dit plus que ce qu'eux-mêmes avaient dit à l'enfant ; il n'avait pas dit plus que
n'avaient dit les voisines, le voisin. C'était évident : l'apiculteur avait un secret.
Ils devaient connaître son secret.

Un matin, le père et la mère retournent auprès du vieux sage. Après les salutations, ils lui demandent "Bonjour, nous sommes revenus pour connaître votre secret, vous avez bien un secret ?"
"Est-ce un secret ? Je ne mange que du miel, sans maigri, votre fils maigrissait, que pouvais-je vous répondre, ma parole était pauvre. Mon secret et dans la résistance. J'ai tenu dix jours sans manger autre chose que du miel. Vous vouliez qu'il mange autre chose, je lui ai dit qu'il pouvait le faire. je lui ai donné le quignon. Il a cru ma parole. C'est tout. Parce qu'elle était vraie. J'avais moi-même tenu bon. C'est ainsi que votre enfant a pu non seulement
m'écouter mais encore me croire. Pourquoi ? Parce que j'étais maître de ma parole.
Votre enfant s'est remis à manger car il a pu me croire. Ma parole était vraie !"
Ici, l'histoire prend fin. Ou bien, elle se poursuit. Chacun a le choix d'offrir sa vérité
pendant que l'autre a celui de la croire.