14 avril 2010

Nazou, une personnalité découverte à Rennes, une artiste angevine

NAZ OK (Fleury) est sur son face book    ou sur le face book de Lania Conteuse

12 avril 2010

Dimanche de Pâques du côté de La Barre de Monts

ça démarre anxieux,
ça s'éclaire lumineux. Ouf, vive le Pif du Dauphin
Rien n'est parfait voilà que ça stresse sûr. La voiture est nouvelle. Panne d'essence ? Mais comment il s'ouvre ce bouchon. A deux , à trois, à quatre, à tous et les autres. Un p"'tit génie ? Un p'tit Fada, ou Phare'Far Fadet, une sorte de Korrigan, de Poulpicquet, pouquoi pas un gargourite ? J'ai beau les héler, je ne vois qu'un héron marchant sur l'eau, indifférent.... dédaigneux, l'air de dire comme dans la chanson aupetit veau "Pourquoi n'es-tu pas un oiseau, dona dona dona doona !" Oh le narquois regardez-moi cet air qu'il a !

"Rien à faire" dit-elle "je dois en avoir assez jusqu'à La Barre !!!" Pas du tout mon style ce genre d'inquiète mais ce n'est pas mon véhicule.
Quel tremplin le pont ! voilà l'horizon qui s'ouvre à défaut du bouchon. Je m'étonne, on est où ? Aurions nous roulé sur une herbe éguerrante ?  S'rait-y pas du riz dans l'champ ? S'rait-y pas la llanura venezolana ? Oh, Lasylve, j'ai dit "La barre de Mont" j'ai pas dit "San Juan de los Morros" Fallait juste dire. Vl'an, d'un p'tit coup d'volant le véhicule reprend sa trajectoire

Attends Lasylve, as-tu vu c'que j'ai vu. Tu roules trop vite, sais-tu le sais-tu (mais non je plaisante). Tu t'es retrompée de chemin, c'est tout de même pas, en passant sur le petit pont que.... Et bien si. Preuve en est, nous voilà soudain en Afrique, transportées. Et je fais le portrait de la plus belle. Et la Barre de Mont dans tout ça ? Ecoute, pas grave, on la retrouvera, moi je file ! Elle est comme ça Lasylve. Plus le sourire époustouflant

Bon ben c'est vrai que ça faisait une petite faim tout ça. Et que l'assiette est belle. J'ai dit belle. Franchement ça nous a bien requinquées. Après ? Figurez-vous que nous sommes parties à la recherche de la mer. De la mer ? J'éclate de rire. Mais Lasylve on est sur une île ! Elle ne doit pas être loin. Détrompe-toi, sinon pourquoi y aurait-il des voitures ! C'est vrai ça. Et la nôtre est au parking. On tourne en rond. Et on repose la question idiote : "C'est où la mer ?" Je ne reviens toujours pas du sourire, de l'éclat de rire de notre interlocutrice. Quand elle se remet -on est vif, intelligent  et rapide à Toulouse- elle nous répond que c'est soit à droite soit à gauche mais que ce n'est pas loin, enfin tout dépend de ce qu'on peut faire en marchant ! C'est ce "an" que j'identifie sur l'instant. Après des années de sténographie Duployé-Delaunay. Et je pose l'autre question stupide "Bon sang... mais c'est bien sûr, vous êtes toulousaine ?" Oh notre rire, elle, toute petite et rondelette, et joyeuse et moi encore toujours grande, un peu moins mince et toujours rieuse : bref, le coup de foudre amical du jour, l'éphémère dont nous avons tous besoin, qui requinque.... comme le plat de moules té ! Du coup on cherche la mer. C'est en cherchant qu'on trouve, disent-ils dans les contes. C'est vrai. Pour trouver on a trouvé : une jolie fenêtre et un joli jardin et même un pays où les gens marchent à l'envers, mais côté mer ?
 
Elle est où la mer ? Nous n'osons plus poser la question. Mais on nous l'indique.
Du coup on n'y va pas on y court, les rues s'élargissent
et au bout de la rue on s'effraie. Vous n'eussiez point fait pareil ?



Bon d'accord, il sortait de sa mare, il avait l'air en forme. En forme ? Il hésite, à droite, à gauche. On a pris la poudre d'escampette. Par la droite. Lui aussi. C'est sûr, sous nos pieds, le sol tremble.  Sauve qui peut. On n'est pas deux douées des stades, nous. On a le souffle court. On nous siffle. C'est pour notre exploit. A vous de voir.


Nous, vexées. Troublées on ne sait même plus où l'on est. "Vous êtes perdues ? Je sais ce que vous cherchez, montez sur mon dos !" La voix tombe sur les nôtres. Sans se le dire on pense "mais c'est quoi cette île ?" Vous avez déjà fait un parcours à dos d'autruche vous ?

On serrait très fort son cou mais cela semblait ne pas la mettre en difficulté. Elle nous a ramenée sur le parking. Le sol tremble. On s'inquiète, on s'informe. Le rhinocéros, le rhinocéros, tu l'as vu toi, le rhinocéros, fillette. Il y avait une fillette devant la voiture. Fallait voir le regard de l'enfant mais surtout celui hagard de ses parents. "Ne t'approche pas fillette, reviens". C'est alors qu'à ce moment-là un trou s'ouvre sous mes pieds. Je plonge. J'enends un cri Aliceeeeeeeeeeee Je me dis que ce n'est pas moi qu'on appelle. Je m'appelle Laphfée. Je continue mon trajet. De toute façon je n'ai pas le choix. Impossible de m'accrocher quelque part. Oh la la ça tourne,  ça tourne. J'entends Qu'on me dis "attends-moi !" Comment attendre, je chute ? 

Un fauteuil jaune me tend les bras ensoleillés, face au port, sur la terrasse du café.

J'ai l'impression que je me réveille. D'un grand sommeil. Oui, un chocolat viennois. Bien moussu, il est bienvenu. J'ai froid. 

Elle s'appelle comment votre enfant, Louise ? Non, Alice. Et c'est drôle comme  elle ne vous quitte pas des yeux. Excusez-là Madame. Que je l'excuse, mais vous voulez rire, pas d'excuse s'il vous plaît.  Comment s'appelle-t-elle votre bout d'chou ? Mais maman tu ne reconnais pas ma fille. A Quoi rêvais-je ?Mon fils est là devant moi. Sa charmante épouse aussi. Et vous savez ce qu'ils me disent. Qu'ils sont venus m'écouter conter à la Barre de Mont. Mais enfin fiston je t'ai dis que c'était le 24 avril ! A 11 h ! A propos des îles, des océans, de guerre à paix ! Alice est en vacances Maman, on sera là. On discute un peu avec Lasylve. On joue avec la petite Louise. C'est tout sa maman. Bise à chacun. A bientôt. On s'en retourne.
Du coup on passe, du coup on traverse, du coup on découvre, du coup au revoir
et à bientôt
 

08 avril 2010

Chère Vieille Dame Âgée

Je vous écoute. Dans quelques jours vous fêterez votre nouvel anniversaire. Ou ne le fêterez pas. Celui-là vous peine. Comme votre coeur qui s'affole et vous affole. Il dit que vous ne voulez pas, ne voulez plus. Mais vous dites "Demain, cet été, à Noël". Vous dites "ça dépend de la motivation, du désir, du projet"  Pourtant vous dites aussi "J'en ai assez des mots" Vous risquez de partir. Vous avez le coeur brisé. Vos enfants seraient divisés. Pourtant vous avez tout fait. Oui c'est vrai. Vous n'avez jamais fait de différence entre l'un et l'autre. C'est sûrement vrai. Puisque vous le dites. Vous avez tout fait. Aucune différence entre l'un et les autres. Aucune. Vous avez tout fait. Et ça a marché. Un temps. Après le temps s'y est mis. Le temps, le vôtre, le sien, le leur. Le temps de chacun. Et ça n'a plus marché. Et ce n'est pas de votre faute. Ou enfin si ça l'est, ou enfin non, ça ne l'est pas. Je vous le dis. Klerma Foru le souligne aussi aujourd'hui même, avec douceur et sagesse : "Il faut faire attention avec qui on veut faire des enfants". C'est vrai il faut être deux, pour faire des enfants. Vous étiez deux. Pas si sûr. Ou trop sûre. Il est parti. Sans rien dire. Vous avez choisi le silence. Tout était pour vous pourtant. Surtout le droit de ce temps-là. On ne riait pas du pourquoi du départ. Elle n'avait pas la majorité. Vous veniez d'avoir votre quatrième enfant.Mais pour vous il était "le pauvre" "Tu comprends il a beaucoup souffert quand il était jeune !" disiez-vous. Mais la loi c'est la loi. La loi était pour vous. Non, vous l'aimiez ! D'un amour fou ! Loin de vous ! Fou l'amour. Alors vous avez affronté. Courageuse. Travaillé. Courageusement. Responsable. Et rieuse. Et prêteuse. Et donneuse. Jusqu'à votre chemise. Oublieuse. Madame, madame. "Espéreuse" Il reviendra. "Je reviendrai", disait-il, "tu verras nous finirons notre retraite ensemble" Il n'est jamais revenu. Il appelle encore. Quel lien étrange. Quelle histoire. Et vous voilà, avec votre légèreté et votre sourire. Très Chère Vieille Dame Âgée, épuisée par vos blessures, épuisée par vos silences, par cet impossible retour. Tant espéré, tant attendu, tant proposé. Epuisée par l'ultime absence. Pensez-vous à quitter ce séjour ? Il y a les progrès de la science et la possibilité  de  pour-suivre, aussi, encore, quelques temps, quelques jours, quelques semaines, davantage, pour qu'elle vous rejoigne, vous serre dans ses bras. Comme elle fait près de moi. Chère Vieille Dame Âgée, vous n'êtes pas que grande vous êtes grande. Je sais.
8 mai 45, c'est toujours ce que j'écris ou pense. Je corrige. 8 mai 2010 c'est fini, vous nous avez quittée, Vous êtes partie. Nous sommes le 31 octobre  et je navigue entre les pages "Les enfants de Staline". Pourquoi ne m'avoir jamais rien dit. Pourquoi ai-je si peu interrogé. Pourquoi ai-je respecté votre silence ? Pourquoi n'apprends-je pas cette langue qui me plaît tant ? Votre absence me pèse.C'est comme un cycle. Difficile d'en parler. Drôle de commentaire "Mais elle était âgée  faut que tu t'habitues ?" Quelle idée, bien sûr, ça c'est la raison. Mais la raison rend fort et fou. Plus que jamais ma poésie intitulée Salissures remonte en ma mémoire. Elle nous aimait tant sans tâche. Irréprochables. Parfait-parfaites. Elle-même, toujours en nettoyage et en jardinage, et que j'ôte les mauvaises herbes. Avec raison, qu'il était beau ma mère ton jardin. Le plus beau du quartier. Le plus à coeur, le plus vrai, sans esbrouffe, le jardin d'un bonheur intérieur. Et ses ponctuations journalières : un calice de volubilis dans une coupe de champagne, une déclinaison en tierce cosmos mauve violet rose dans le vase étroit tout cristal, les splendides bottes de glaïeuls jaune rouge orangé ici et là à profusion, tes fabuleux lauriers. Rauses. Jusqu'au dernier jour. Je lis "Les enfants de Staline". Drôle. Il est anglais, journaliste,  russe d'origine, niveau de tes petits enfants, anglais et il livre des bribes, des histoires, des noms, des moments. Ceux de Lenina presque du même âge, ceux de Ludmila, quelques années de moins. Parce qu'il a enquêté. Une seule fois j'ai essayé de joindre. Le mail est resté sans réponse. Que livrer  du silence ? J'y pense. 

07 avril 2010

Mythomane, de Christian Mazzuchini : Sortie de spectacle à Saint Jacques de la Lande

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Sans voiture, le retour sur Rennes n'est pas simplissime. Ne médisons pas : il y a du choix. 22 h 38 ou 0 h 08. La prise de décision est imparable : mieux vaut ne pas assister au deuxième spectacle. Dommage.
Du coup j'attends dans l'abri-bus 30 '. Un peu frisquette l'attente. Et étonnante. Nombreuses sont les voitures à quitter l'aéroport. Je me dis que je pourrais faire du stop ? Je n'ose. Je rêve. L'une d'elle s'arrêtera peut-être. Que nenni !
Au bout d'un temps j'ai de la compagnie. Un grand jeune homme. Mais je me fais discrète. Pour une fois ce n'est pas moi qui entame la discussion. ça aurait pu. D'après un ex-beaufrère, je n'aurais aucun problème à entamer une discussion avec un scorpion en plein désert. Oh la langue de vipère.
Ce n'est justement pas le cas. Un froissement de papier me fait relever la tête. Le grand jeune homme m'explique qu'il vient de déchirer la direction "Rennes" inscrite sur un papier. Je comprends qu'il a renoncé à faire du stop. Je lui dis que je m'étonnais que personne ne s'arrête pour me proposer contre tarif cohérent, why not, de me rapprocher de Rennes. J'ai quelques atouts : mes cheveux blancs, l'heure et le côté frisquet de la soirée. Je lui montre le côté marrant de l'instant : ce panneau qui décore l'abri-bus et en appelle à la solidarité. Des mots tout ça, des mots.
Mais peu importe, nous entamons une discussion amicale. Christian Mazzuchini sera le prétexte. L'accent, le sujet. Puisque cet acteur est un peu du pays de mon pater. Le 82. Le jeune homme, en ébauchant un sourire discret, m'apprend qu'il est toulousain. (photo prise rue du Languedoc : il suffit de lever les yeux en juillet) Il me confirme qu'il existe bien une nouvelle voie aérienne pour faire Toulouse-Rennes : celle qu'on lui a faite emprunter et qui passe par Lyon ! Et qui n'a rien d'un raccourci même si elle est offerte.
Et dans la foulée, on ne voit plus le temps passer. Ah la parole, quelle merveille. Et l'échange alors ! Un trésor. A nous croiser, et reconnaître afin que je lui conte "Las nueits de Tolosa" Comprenez, Les nuits de Toulouse. Elle me fait trop rire cette histoire. Un jour je la traduirai et elle s'appellera "Les nuits de Rennes"