24 mars 2011

Bla bla bus Rennes, diling diling ding ding tiens voilà revl'à Lodile. Que...

Que vient-elle me raconter aujourd'hui ? 
Diling ding ding ding dong le gong s'immobilise doucement. Elle est partie.
C'est vrai, l'urbain, ça craint, ça craint pas : je vous laisse libre de penser. 

Il est près de minuit. Odile et sa fille ont assisté et participé à une délicieuse soirée contes. Entre contes d'ici et contes d'ailleurs. Plus précisément, chacun ayant son univers, et plus ou moins successivement, conte de la mort par Pascale, conte d'Afrique par Vincent, trois P'tits Cochons ou Trolls en conte urbain revisités par Gérard, comment se retrouver quand on s'est perdu ou connaître la vraie légende de la frite (?) par Odile
Il est près de minuit et nous venons de nous régaler de quelques sushis chez ce restaurateur dont la publicité vous ferait penser que vous entrez plutôt chez un bijoutier. Etonnant. Entre le séisme et le problème nucléaire, avec le reportage de ce vieil homme qui pleure pour déguster une semaine après un potage chaud, les prix des sushis ne font pas l'objet d'une majoration. Le Japon est-il aidé ? De quoi tu te mêles Loizo ?



Bref, quelques diamants, rubis, saphirs, émeraudes et autres perles il est près de minuit.
Avec sa fille, Lodile monte dans l'autobus.
D'un regard, elle constate "C'est clair je suis devenue "la plus vieille"
Et elle se rappelle.
Un certain récent samedi. Semaine de la Femme s'il en est. Devant une vitrine, et ses dessous féminins. Et dans son oreille, glissé entre sa fille et elle, cet hurluberlu qui lui glisse "C'est plus de ton âge la vieille !"
Sa fille à ses côtés -elles ont quarante ans de différence et elle dit souvent qu'elle ne referait pas cette expérience si c'était à refaire- sa fille pétrit son bras, de désespoir. Rendez-vous conte, on insulte sa maman. Lodile décide de ne pas manifester sa contrariété. Elle n'a aucune réaction. L'hurluberlu s'enfonce "Je suis méchant n'est-ce pas Madame !" Ni rire, ni sourire, ni regard. Juste, départ.
Pourquoi le bus ralentit-il ? 
C'est sa fille qui pose la question. Ensemble elles lèvent la tête et se regardent déconcertées. Une deux trois poubelles sont disposées à l'horizontale et en chicane dans la rue. La conductrice tente de les éviter. Un regard. Des images. Le far-west, les cow-boys, les chevaux, les lassos, les indiens. Scénario urbain. Le chariot sera-t-il attaqué ? Rires derrière les volets.
Pourquoi ne viennent-ils pas aux soirées contes ? Il paraît qu'il est nécessaire de donner du sens aujourd'hui.  

Pour la merveilleuse photo, presque tableau du Japon, merci à Yann Aucante, chez Jacques Aucante (Face Book)

11 mars 2011

11 mars 2011 - billet scientifique

C'est la chkoumoune le 11 :
11 septembre, 11 mars, j'en avais sélectionné un autre récemment,
Nous habitions au 11 d'une rue Untell. C'était peut-être l'erreur. A la réflexion.
Tout ça pour taper Sendaï sur Google. Parce qu'il me semble que Rennes est jumelée avec cette ville -à vérifier cependant- et je lis -mais ça n'a rien à voir avec le tsunami, c'est juste un lien commercial ceci plus ou moins de mémoire : "le vieillissement de la population va créer un gros problème entre génération au niveau de la surdité)
Et c'est vrai.
Par exemple. J'habite dans mon immeuble depuis 10 ans. Je n'entendais aucun bruit de TV ou de Radio, aucune douche, rien. Désormais je pourrais donner le nom de la chaîne ou de la radio qu'écoutent mes voisins. Désormais j'ai les yeux braqués sur ma TV commande pour baisser la sono dès que je me rends compte que le son est trop haut.
Par exemple Nagui, combien de fois fait-il répéter ses interlocuteurs ?
Par exemple récemment au cours d'une réunion, l'animateur qui demande constamment aux plus jeunes d'élever la voix.
C'est comme ça, ça s'insinue, ça vient, tout doucement, à l'insu de chacun.
Les soixantenaires, jeunes, dans leur tête ? Oui peut-être,  mais pas forcément dans leurs tympans. Et ça ça se fait tout doucement.

03 mars 2011

Du côté de Guer, le ménage de la Paix. Quelques autres s'il vous plaît.

Dans un certain pays, un certain village, une maison de paille et de terre mêlées, vivaient, il y a longtemps un homme et une femme. Un ménage. Qui ne connaissait pas la dispute. Qui était toujours en accord.

Et sauf les conseils que chacun échangeaient, les bisous qu'ils dégustaient et les rires des enfants quand ils jouaient, on n'entendait aucun bruit dans la maison de paille et de terre mêlées. Si bien que dans le village, pour désigner ce ménage, tout le monde disait "le ménage de la paix". C'était son nom.

Pourtant la vie de ce ménage n'était pas facile. Il travaillait beaucoup. Ses enfants étaient nombreux. Les embûches n'en parlons pas. Surtout la dernière : la perte du travail de journalier de Pipi Lemarri. C'était son nom. Précédé de son prénom.  Autrefois courant dans le pays, preuve que cette histoire n'est pas d'aujourd'hui. Un orage, des inondations qui durent, des récoltes qui ne peuvent être faites. C'est la tuile, le pas de pot, le pas de chance. C'est la malchance.

Les estomacs ne tardèrent pas à crier famine. Et pour parer aux souffrances des enfants, Pipi et Katell Lemarri décidèrent que le bien à vendre, pour passer ces temps difficiles, serait la vache, à présenter à la foire de Guer.  

La vache ! Les enfants coururent à l'étable et s'accrochèrent à leur jolie et douce Fanon. "C'est au choix" a dit Katell, leur mère "La vache ou la maison !" La maison ? Les enfants s'accrochèrent à leur mère. Difficile de retenir ses larmes devant tant de sagesse. Dans l'entre-baîllement de la porte une silhouette apparut. Celle du père, qui déclara "Comptez sur moi je la vendrai un bon prix !"

Tôt le lendemain, inhabituellement traînassante, Katell, telle Perrette son pot de lait sur la tête, imagine ce qu'elle fera de l'argent obtenu. Pendant ce temps Pipi tente de faire sortir Fanon la vache, de l'étable. On dirait qu'elle a compris. Elle s'oppose, elle s'obstine, elle rechigne à obéir. Pipi la tourne, la contourne, la pousse. Enfin il lui caresse l'encolure, il dit un "Ma Belle au creux de l'oreille" Et Fanon craque. Et le bruit de ses sabots résonne bientôt sur le chemin qui prend la direction de la grande foire de Guer.

Bientôt l'homme et la vache suivent un homme et sa jolie chèvre. Deux chapeaux ronds se soulèvent, deux rubans noirs flottent au vent et l'un des hommes s'étonne :

 "Ma chèvre contre ta vache ?  En es-tu sur ?" dit l'homme
"Oui, j'en suis sur !" répond Pipi
L'instant passé, meuh meuh l'un à une jolie vache, bêê bêê l'autre a une jolie chèvre. Et tous deux poursuivent leur chemin.

Dans le premier village, dès la première maison, une porte claque, une clé tourne dans sa serrure et un coq se dresse dans les bras d'une femme. Quand la femme se retourne,  elle sourit. Devant elle un chapeau rond se soulève, un ruban flotte dans le vent et un homme lui adresse la parole. Elle s'étonne :
"Mon coq contre ta chèvre ? En es-tu sûr ?" dit-elle
"Oui, j'en suis sûr !" dit-il
L'instant passé, bê bê l'une à une chèvre, cocorico l'autre a un coq fabuleux, crête, plumes, ergots, un vrai roi de basse-cour. Et tous deux poursuivirent leur chemin.

Quand Pipi est arrivé à la hauteur du pont de Guer, le soleil était levé et les oiseaux aubadaient le jour comme jamais. Malgré cela Pipi entendit des gémissements. Il tourna la tête en direction de la rivière. Il remarqua une forme noire, penchée sur le sol. C'était elle qui pleurait. Pipi entra dans le champ."Pourquoi pleurez-vous Grand-mère ?"  Quand il apprit que c'était parce qu'elle ne se décidait pas à enterrer son chat mort depuis plusieurs jours, Pipi déclara qu'en effet "cette histoire était triste à pleurer". Et trois mots plus loin la femme s'étonne :
"Ton coq contre mon chat ? En es-tu sûr ?" dit-elle". 
"Oui j'en suis sûr !" dit-il.
L'instant passé, co co ri co l'une a le coq fabuleux et le mène au poulailler, l'autre, un chat mort, qu'il glisse dans la poche arrière de sa galicelle. Un long manteau habituellement porté par les gens de Ploermel.

 Et ce dernier reprit sa route en direction de Guer.

Quand Pipi Le Marri arriva à Guer, la Foire battait son plein. C'était bien.
Il s'apprêtait à en faire le tour. C'était bien. Quand il se mit en tête d'aller boire une bolée de cidre à l'auberge.


"Je vous l'amène sur la table près de la cheminée, la bolée" dit l'aubergiste. Pipi s'installe. La minute suivante il remarque combien l'auberge est fréquentée et le bruit élevé. Dans la cheminée la flambée est magnifique. Et le dos de Pipi s'en régale. Soudain au bruit élevé succède un silence profond. Pipi se retourne. Tous les regards de la clientèle sont braqués sur lui. Dans l'instant Pipi se souvient dIl et bien content. u chat mort. La flambée l'a réchauffé dans la poche de la galicelle. Son parfum mortel s'est répandu dans la pièce.

"Croyez-vous pas qu'il aurait fait dans sa chemise cet homme ?" d pit l'un des clients à l'attention de tous les autres. Pipi se vexe. "Qu'est-ce que vous racontez, mais pas du tout. Ma main au feu pour 200 F chacun, que parmi toutes nos chemises c'est la mienne qui est la plus blanche !"

Dans l'auberge chaque homme est persuadé que Pipi ment. Les paris s'accumulent. Et les ceintures libèrent les chemises. Il n'y a pas meilleure blanchisseuse que la Katell de Pipi pour faire le linge blanc plus blanc que blanc. C'est Pipi qui gagne. 

Satisfait Pipi ramasse tout l'argent. "Je vous l'avais bien dit !" dit-il en souriant et dans la foulée, il raconte tout son déplacement. Les hommes tendent l'oreille et très vite rient puis ils se moquent de lui : "ah ah ah , quelle histoire aller vendre une vache et ramener un chat mort, personne ne voudrait être à ta place pour recevoir la correction que ta femme te donnera dès ton retour !" Et ils ont parié 200 F chacun que sa femme lui ferait passer un mauvais quart d'heure.

C'est au tour de Pipi de se mettre à rire. "Un mauvais quart d'heure ? Mais pas du tout. On voit que vous ne savez pas comment on nous appelle au village.
Les hommes l'interrogent du regard.
"On nous appelle le ménage de la paix" "D'ailleurs, suivez-moi et vous constaterez que ma femme ne me fera aucun reproche".

L'auberge s'est vidée en moins de deux. Tous les hommes suivaient Pipi. C'est Katell qui a été surprise en les voyant si nombreux. Elle n'en montre rien. Elle dit seulement  "Alors Pipi, notre vache, combien l'as-tu vendue ?"
Pipi dit la vérité.  "Et non ma chérie, figure-toi que je l'ai échangée contre une belle chèvre !"
Tous les hommes ont entendu Katell répondre "Mais c'est merveilleux, mais c'est magnifique, monsieur mon mari, le lait d'une chèvre pour nourrir nos enfant il n'y a pas meilleur. Montre-la moi que je tire du lait pour eux tout de suite !"

Pipi dit la vérité. "Impossible ma chérie, j'ai échangé la chèvre contre un coq impressionnant, crête, plumes, ergots je n'avais jamais vu coq plus beau !"
Tous les hommes ont entendu Katelle répondre à son mari "C'est une excellente idée monsieur mon mari. Un coq, y a pas meilleur réveil matin qu'un coq pour se lever avant l'aube. Montre-le moi vite ce coq, que je le mène au poulailler !"

Pipi dit la vérité. "Impossible ma chérie, j'ai échangé le coq contre un chat mort. Sa propriétaire, une vieille femme, avait trop de chagrin pour l'enterrer elle-même."
Tous les hommes ont entendu Katell répondre à son mari "Je reconnais bien là ta générosité monsieur mon mari. Ce coq aurait fini par déranger notre voisine et elle aurait fini par nous envoyer au diable. Tu as bien fait. Mais donne-le moi ce chat pour que je lui donne. Elle aura enfin quelqu'un à caresser et tout le monde le sait si la ron ron thérapie ça vous change un homme, ça nous changera notre voisine !"

Pipi dit la vérité. "Hélas ma chérie, c'est impossible, j'ai vendu le chat mort contre 2OO F à chacun de ces hommes que tu voies là. Parce qu'ils ont dit du mal de moi." Et il montre l'argent "Regarde ma belle aimée, cet argent est à nous. Vas-y, prends-le !"

Katell sourit. Elle regarde tout le monde. Elle sourit. Prend l'argent. Elle n'en a jamais vu autant. Elle en met dans ses poches, en garde dans ses mains. Elle saute, elle danse, elle rit et l'argent saute et danse aussi.

"Et ce n'est pas tout" dit Pipi, "Ces hommes qui m'accompagnent ont parié 200 F que tu me battrais si tu apprenais pourquoi je n'ai pas vendu notre vache !"

Les hommes ont tous entendu Katell répondre ainsi "Te battre, mon ami, mais quelle idée, je t'embrasserai bien plutôt, tiens, approche" Et pendant qu'elle embrasse son mari, la gentille Katell, Pipi ramasse l'argent que les hommes ont parié contre lui.  "Je vous l'avais bien dit mes amis, rien n'est capable de troubler la confiance qui existe entre Katelle et Pipi, le ménage de la paix, comme on dit ici"

Ce jour-là des hommes sont retournés sur Guer forts marris. Au soir, Pipi a bien fait rire ses enfants en lui racontant sa drôle d'histoire. Au matin, les enfants ont ri bien davantage en reconnaissant dans leur bol, le lait
de leur vache. La mignonne Fanon était revenue de son plein gré dans l'étable du manège de la paix.
Un ménage incapable de se fâcher.
Oh oh oh, Qui passe par ici soudain ?
Une souris rose.
Où s'en va-t-elle ?
Raconter leur histoire ailleurs.
FIN (7-11-2011)