02 mars 2008

Je réfléchis dit Odile

Je l'entends. Le gong se la joue "plombé" Elle parle lentement Odile, de ce film qu'elle a vu et qui lui a beaucoup plu. Il raconte l'histoire d'une petite fille qui survécut dans les années 40 grâce aux loups qu'elle fréquenta. Déception. L'histoire n'est pas autobiographique et les invraisemblances y sont nombreuses. Mais où est le problème me dit Odile ? C'est une belle histoire. Je me le demande aussi, moi Loizo. Tant de gens ont besoin de tuteurs pour survivre : inventés ou non, s'ils les aident, si l'astuce fonctionne, la force de l'imagination est remise à l'honneur. Odile précise qu'elle a entendu deux animateurs opposer ce film à celui intitulé "Le scaphandre et le papillon" en soulignant que le deuxième "était bien lui, une belle histoire vraie" Se rendent-ils compte qu'ils minimisent ainsi la blessure de l'auteure de la première histoire ? Elle a souffert. Elle a inventé. Et alors ? Moi Loizo, je me rappelle avoir voleté dans un parc il y a peu d'années. C'était au printemps. Sur un banc une vieille dame se reposait : je suis venu siffloter gaiement et elle m'a félicité. J'ai tout de suite remarqué son accent slave. La question fuse "De quelle origine êtes-vous ?" je suis bienveillant, amical, à l'écoute. La réponse me fige "Je suis française" Comme on dit je reste sur le cul, le p'tit cul d'un oiseau. J'en secoue mes plumes. Elle remarque que je suis éberlué. Elle est loin d'être bête. Elle me dit "Je suis d'origine hongroise" -ça tombe mal ils n'aiment pas les russes ! mais je n'en rajoute pas- "Tu ne t'es pas trompé Loizo mais je n'aime pas qu'on me le dise. J'ai toujours voulu oublier !" Je l'ai embrassée du bec, me suis excusé puis envolé dans un rai de soleil. C'est alors que je me suis souvenue d'une petite histoire italienne : Un représentant de commerce -c'était au temps où existaient les représentants de commerce- avait pour habitude de s'arrêter dans un hôtel. Un soir, dès son arrivée dans le hall il remarque une volière avec deux perruches à l'intérieur. Le temps que l'on s'occupe de lui, il s'approche et les imite. A son grand étonnement les oiseaux lui répondent. Alors il converse avec eux et il s'amuse bien. Puis il se couche. Passe la nuit, passe le jour, un représentant de commerce ça se déplace. Il ne revient pas la nuit suivante. Mais lors de son prochain déplacement il retourne dans le même hôtel. Sitôt le seuil franchit il remarque la volière vide. Inutile. Il demande à l'hôtelier "Vous les avez vendus ?" "Non, ils sont morts. D'ailleurs à la réflexion, maintenant jem'en souviens, vous êtes le dernier à leur avoir parlé" C'est comme si un couperet tombait sur la tête du représentant de commerce. C'est peut-être lui le responsble. Peut-être leur a-t-il dit quelque chose qui leur a déplu ? Les aurait-il fait souffrir sans le savoir ? Il se sent si penaud qu'il décide de ne plus raconter n'importe quoi à n'importe qui. Sagesse Odile ? Elle est émue aux larmes. Brave Odile. Allez ma belle, un verre d'orangeade ou de réglisse ? Va pour la réglisse. Vous aussi ? Avé plaisir, comme ils disent là-bas, ailleurs. Bonne nuit ou bonjour. En tout cas, à bientôt sur ma terrasse. Mais bien sûr, Odile, un p'tit gâteau à la pistache. Sourire. PS : "L'imagination et ma mémoire sont les deux seuls moyens pour m'évader ou me défendre" in "Le scaphandre et le Papillon"

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