"Si tu savais si tu savais Loizo".
Je ne sais pas, dit-il, mais je sens que je vais savoir.
"Et comment" dit-elle. "Ecoute, regarde, tu vois comme je suis habillée".
Il hoche le cou. Il la détaille. Pas mal, tu es pas mal habillée Lodile.
"Ouais ouais tu dis ça pour me faire plaisir. Faut dire que j'aurais pas dû mettre ces vernis noirs et leurs noeuds rouges ; j'aurais pas dû enfiler ces collants noirs unis et pourtant rayés ; j'aurais pas dû enfiler cette jupe noire unie ; et en élevant la voix elle dit "j'aurais pas dû mettre cette fichue veste trois quart et son fameux col de fourrure !" et elle trépigne et en rajoute
"non j'aurais pas dû" Et soudain elle se demande
"Et pourquoi pas, après tout c'est ma fille qui me l'a offerte. Elle a un goût très sûr !" La voilà calmée. Silence sur la terrasse.
Loizo sait que mieux vaut se taire. Il se tait. Elle embraye.
"Te rends-tu compte Loizo te rends-tu compte ?"
- Que tu es bien habillée ? Certes je m'en rends compte dit Loizo, on peut difficilement faire plus sobre !
"Tu te moques Loizo, te rends-tu compte qu'ils m'ont prise pour une..."
- Pour une quoi ? Quoi ? Je n'ose même pas imaginer ! Tu inventes.
"Pas du tout Loizo, je te raconte."
Et elle dit. Qu'elle est sortie de l'hôtel des Impôts, la tête un peu dans les nuages, qu'elle a tourné sur la droite, qu'elle a soupçonné, sans vraiment voir, un ouvrier sur un toit et une grosse corde bouger, de même que sur le trottoir qu'elle longeait cet autre qui manipulait des seaux. de terre. Elle dit qu'elle a entendu sans l'entendre une voix qui disait
"demande lui quel tarif elle demande ?" et que juste à cet instant-là, elle a aperçu une étalagiste accroupie dans une vitrine. Elle avait pensé que c'était trop fort de la prendre pour une tepue.
Elle dit aussi qu'elle a entendu la voix de l'homme qui manipulait les seaux répondre
"A qui tu veux que je demande ?"
Et elle dit que celui qui se tenait sur le toit avait répondu en riant
"A celle qui vient de te passer devant"
Elle précise que, ahurie, elle avait compris que celle-là même qui venait de passer devant l'ouvrier, c'était elle-même, Lodile.
"Te rends-tu compte Loizo ! C'est moi qu'il prenait pour une tepue...."
"Comment ça Loizo, que me dis-tu, c'est une façon de dire que je suis belle ! Et toi ça te fait rire ! Tu exagères Loizo. Je préfère quitter ces lieux. 2014, la nouvelle année, tu parles té, pas pour les mecs ! On se croirait encore en 1964. On n'est pas au Brésil ici, encore que, heureusement que Malyv m'a expliqué. Adieu Loizo.
Remontée Lodile.
Flegmatique, Loizo sur son palmier pense qu'elle reviendra sous peu... Il s'installe dans son hamac.
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