26 mars 2014

Dilin dililing joyeuse Lodile pense Loizo

Et c'est vrai, le gong a le carillon léger sous les doigts de Lodile et Lodile le sourire aux lèvres. Bonjour Loizo j'ai fait un super rêve.
Loizo rend le sourire à Lodile. Il n'en dit pas davantage. Ce n'est pas nécessaire, Lodile dira.
Elle dit, comme si elle l'avait appris par coeur

 

C'était dans un entre-deux bleu août profond, à l’extérieur de la maison aux toits de tuiles et aux murs ocres. Les cigales chantaient à l'abri sous l'écorce des platanes.  

Le stabat mater de Pergolèse se promenait dans le salon et s’évadait par-delà la véranda, poursuivait par le jardin, s'échappait  par-delà la rivière et par delà la rivière traversait le petit hameau au piton pentu.
Le parfum de la confiture, âcre et sucré combinés, embaumait l'air. 
Dans les vitres de la porte-fenêtre elle  devinait la danse des elfes jaune-bleuté. Léchouillants, caressants, ils enlaçaient voluptueusement l’énorme marmite noircie et autrefois cuivrée. 
A l’intérieur des entrailles de la marmite elle devinait la chair rouge-bleutée des prunes, noyées dans leur bain de sucre. Abandonnée, prête-à-fondre sous la chaleur, elle mijotait, barbotait, "éclatotait". Autour de la chair rouge-bleutée le sucre dilué la pénètrait, l’enveloppait, jusqu'à dissolution, jusqu'au boulé.  Ploque-floque, elle chantait sous et par-dessus les fruits.

Ça sent la confiture de prunes a  goûter

La main saisit l’écumoire et ratisse la surface liquide.
L’écumoire dépose sur l’assiette les gouttes de mousse rose douce

Ça sent la confiture de prunes a l’étaler sur une large tartine

Non loin de l’évier les bocaux de verre susurraient sur le torchon blanc à carreaux rouges leur dernière humidité
Certains rêvaient à des sucrées d’hiver.
A cet instant où la main tirait sur la languette orange,
A cet instant ou d’un seul pfuiiiiiiiiiiiiiiiifffffffffffeuh, d'une unique entrée d'air, Hiver offrirait dans le salon, à l’heure de la neige, une belle porte ouverte à Été !
A cet instant, Grand-mère dirait, comme hier, comme avant hier
« N’est-elle pas bonne ma confiture de prunes? »
Et tous riraient
Elle rirait aussi, et chanterait avec eux et tous chantonneraient avec elle

« ça sent la confiture de prunes
au petit boulé
je me suis brûlée
ça sent la confiture de prunes
au grand boulé
je veux y goûter
ça sent la confiture de prunes
à la marelle
je veux y jouer
ça sent la confiture de prunes
de la terre au ciel,
elle donne des ailes !
 
Qui l’a embrassée ?
Elle se relève, regarde de tout côté ! Elle est seule. 
Cmbien de temps a-t-elle dormi ?
Elle ne sait pas quelle heure il est 
mais elle est sûre que quelqu'un sur elle s'est penchée, 
elle n'a aucune idée du temps où elle est restée assoupie
mais elle est sûre que quelqu'un l'a embrassée
quelqu'un ! Plutôt quelqu’une !
Lui reviennent l'aimable visage rose, le tendre sourire,
La caresse vaporeuse des cheveux blonds et légers.
La réalité de sa tendre et vaporeuse mamie. 
 
Quel est ce parfum légèrement roussi ?
Trêve de plaisanterie, trop tard, 
La confiture de prunes a trop cuit.
Elle saute sur ses pieds et se jette dans la cuisine. 
Aucune confiture en cuisson.  
Ce rêve était bien joli.
à déguster sous tartine à la confiture de prunes.
pfuiiiiiiiiiiiiiiiifffffffffffeuh

Hum, demain elle s'occupera de la confiture de poire. 
Loizo ne dit toujours rien. Il pense : "la coquine, elle ne m'en a même pas offerte une. 
Lodile tu m'en fais une tartine à la confiture de prune ?
Une fois deux fois, Loizo parle dans le vide. Le gong se tait, Lodile s'en est allée ailleurs. 
Dommage même pour Toakily. Elle eût été bienvenue avec ton thé à la menthe ? Mais bien sûr qu'il y en a.... sous la feuille de bardane, à trois portée de main. A bientôt. 


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