06 mars 2010

Ma chère vieille dame âgée

Je veux te faire une surprise, tu recevras plein de cartes postales. D'ici d'ailleurs de mes ami(e)s, connues, inconnus qui se prêtent au jeu. Allo, Jouelle, ma fille, tu es là ? J'écoute. Oui ma mère oui ma mère. Ecoutie, je ne veux pas qu'on m'envoie des cartes, je ne veux pas que tu donnes mon adresse, Mais Maman, Maman. Ya pas Maman Jouelle, je vieux pas, Je aime pas les mots. Je aime pas les mots. Je aime pas écrits. Oui ma mère, oui ma mère. On sait jamais avec eux. Eux laissent traces. Oui ma mère,, oui ma mère. Méchants, méfier. Oui ma mère, oui maman. Elle raccroche. Poignance* de son cri accentué. Douleur. Salissure. De quoi a-t-elle souffert. Ira-t-elle, dira-t-elle. Enfin. Un jour. Avant que. Avant. La rafle du Veldive. On en parle enfin. On en parle tant. Bien sûr j'irai le voir. Bien sûr. Je n'ai pas fait la guerre. Je ne l'ai pas vécu. Qu'écris-tu ? Répète ! Je dis que je n'ai pas vécu la guerre. Que tu crois. Tu es née avec. Avec son refus. Et de tes oreilles d'enfants tu l'as bue. Enivrée pour longtemps d'un alcool qui ne te concernait pas. Au quotidien de ton enfance la guerre t'a forgée. Insouciance et gravité mêlées qu'elles n'a jamais dites mais que tu as bues. Breuvages qu'elle taisait. Que tu buvais. Qui lui appartenaientSi j'avais su. Si j'avais su. Ma chère dame âgée. Quel gâchis. Quelle douleur encore. Mère, fille, petite-fille. Mère, fille, petite fille. Mère, filles, fils... une valse à trois temps... que tu m'as apprise dans quatre carrés carrelages, à ne pas dépasser. Alors qu'il fallait. Qu'il faut dépasser. (copyright)
Photo Association Mira Baï - "valse indienne"

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