26 juillet 2007

parfois il faut des mises au point

aujourd'hui j'en ferais une : j'aime les contes depuis mon enfance. Cela fait donc un temps, d'au moins un autre siècle pour sa moitié. Je les ai lus, on ne me les a ni dits ni lus ou très peu. C'est donc à la force de mes pupilles, à celle de mes mains pour tourner les pages du dictionnaire, que je les ai rencontrés. c'est à la force de ma fantaisie que je les ai dits dans mes premières années de colonies de vacances : j'en ai suivies cinq années durant, avec des enfants dits déjà "difficiles" et pour des colos sanitaires : je n'en ai tué aucun et j'ai toujours eu de bons contacts avec eux. Je leur ai lu des livres, souvent, très souvent, je leur ai dit des contes encore plus souvent, sans un seul feuillet sous les yeux : je conte depuis toujours rien qu'en connaissant l'histoire. Par contre je n'ai qu'un territoire : l'humain. Le reste n'est qu'écoute et attention : être d'ici ou d'ailleurs n'est rien somme toute, rien d'autre qu'être humain. je ne conte pas par coeur : soyons honnête ma mémoire s'en va. Je n'ai plus 17 ans. Par contre je m'amuse avec elle, et je joue avec des sonorités qu'il me semble posséder de façon intuitive : un mot en appelle un autre. Et puis, j'ai "fait" du piano comme tout bon enfant d'exilé devait faire pour s'intégrer. Aujourd'hui on me ferait apprendre le russe. Mais avant, dans le temps de mon enfance on ne s'occupait pas des enfants d'exilé -qui plus est involontaire- déjà bien beau qu'ils soient en France; et quoi donc, des boschs en plusse, non mais, en voilà des manières ! Mon émigrée, pardon mon exilée à moi, la mienne, ma mère rêvait de faire de ses filles des princesses : elle a manqué y arriver. Sur la quarantaine nous nous sommes défilées chacune à notre manière ; de la plus difficile en ce qui me concerne. L'assassinat mental : celui de soi-même, le plus dur, celui qu'on ne peut coller à personne d'autre au niveau responsabilité en tout cas dès lors qu'on a compris. J'ai compris. Pas facile de remonter la pente. Mais je la remonte et ce n'est ni mon accent ni mes origines scabreuses qui m'en empêcheront à moins qu'elles soient si difficiles à supporter pour autrui que je ne me décide à quitter cette région d'où est ma fille ? Parlons de mon accent, de mon rythme de parole puisqu'il s'agit aujourd'hui de ma façon de conter : je respecte tout rythme d'autre conteur, pour moi c'est une autre façon, une nouvelle façon de dire que j'entends et je me penche sur cette nouvelle façon que je ne connais pas : elle m'intéresse forcément parce qu'elle est différente. Mon accent, j'en ai un, il est vrai, d'où vient-il, ah oui, mais d'où vient-il : je me le demande ! certains disent : depuis 30 ans que tu vis à Rennes tu devrais l'avoir oublié ! d'autres : on dirait un accent russe ! d'autres encore : on ne sait pas d'où tu viens ! Est-ce nécessaire, est-ce impératif de savoir d'où l'autre vient ?Quand on me parle de mon accent je tombe toujours des nues : je ne l'entends pas, à part sur le mot "pain". Allons-y : *Je suis née de l'union d'un homme et d'une femme qui n'avaient pas d'enfant. Mais leur fils à vingt ans s'est engagé "à" l'armée -jeu d'oralité- où il se plaisait. -Entre nous pourquoi pas- Au cours d'une bataille il perdit bras et jambes. Alors il s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit. Comme il n'y avait pas d'arbres, il grimpa sur un épicéa. Il y cueillit trois cerises, tendit six quetsches à deux femmes qui passaient par là et qui répondirent qu'elles n'avaient encore jamais mangé de poires aussi bonnes que ces noisettes ne l'étaient !!!! Et en matière de noisettes, si vous voulez je peux vous raconter une histoire, mais seulement, seulement si vous me le demandez. * Histoire lue à la bibliothèque polonaise de Villejean un jour il y a longtemps : je l'ai attrapée, au vol, car à Toulouse j'ai vécu dans un quartier où il y avait tout plein de petits jardins, comme on disait "faits de brics et de brocs" comme je me suis faite, pour aller cahin caha peut-être, mais debout. L'essentiel est de tenir debout. Voilà. Je chercherai bien à rencontrer quelques spécimens comme moi, issus de militaires, maqués avec des étrangères et les ayant laissées tomber ; ou encore, quelques ex enfants ayant déménagé souvent souvent, ayant continué plus tard plus tard, et souvent nommés, par ceux qui ne bougent pas sauf pour leurs vacances et encore, "électrons libres" ou "instables" ? Je m'en fous qu'on me le reproche, ce qui me frappe c'est que lorsque on parle d'un sujet on fait souvent émerger l'inverse par l'absence. Me fais-je bien comprendre. Si, par hasard, certains lisent régulièrement mes petits brouillons a moitié aux trois quarts écrits à ma seule destination qu'ils soient par moi remerciés de leur amitié. Je les aime.

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