01 novembre 2006

Winhallo

Dans ce pays-là on fête toujours l'étrange soirée. D'ailleurs si vous y viviez, feriez-vous un seul pas hors de chez vous et vous les reconnaîtririez : ombres blanches sous le chêne se lamentant, blanches et quémandeuses sur votre seuil, blanche et casque tendu sur votre route nocturne. Une parole, un bonbon, une porte ouverte : des amabilités tranquilles. Tout rentre dans l'ordre. Dans l'autre pays on jouerait le jeu aussi : les petites citrouilles iraient déambulantes, les longues et silencieuses sorcières noires sonneraient aux portes, les grandes en blousons blancs attendraient le bon moment. Le jeu fut joué. Les ombres blanches déboulèrent de l'ascenseur, au dix-septième étage. Frappèrent à l'unique porte. Sursautèrent aux huis grinçants, aux lâchers d'araignées poilues, au toucher dégoûtant de leurs filets. Se terrifièrent à remonter le long des manches velues. Hurlèrent aux rugissement des animaux de compagnie de leur hôtesse véruleuse. S'horrifièrent du bout des doigts à découvrir, sous les liquides visqueux, les friandises espérées. Se retrouvèrent à la nuit noire, dans le square, au feu magique et incongru d'une minuscule citrouille édentée, toute oreille tendue : les trois sketches d'Evae, Dyman et Kerlimey. La main blanche longue et fine, à qui est-elle ? Le village aux chats disparus : comment par qui pourquoi ?... La fin de cette belle soirée, depuis trois ans dans l'impromptu organisée, s'est mal terminée. On n'en dira pas plus, mais devant tant d'attentions malignes, sorcières et ombres blanches plièrent sagement leurs linceuls, direction le dix-septième étage : la voix éraillée faisait taire les rugissements des animaux de compagnie et reprenait les histoires : les taches blanches du soleil, le p'tit bout d'os et la main verte, .... toutes ombres blanches côte à côte tremblantes d'angoisse, la nuit finissait : qu'il est bon de se faire peur. A l'année prochaine HALLOWIN !

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