11 novembre 2008

Celle qui porte des lunettes...

Regarde et pense...qu'entre cette photo et les deux suivantes il y a un blanc silence : celui d'une belle jeune femme devenue et obligée de quitter son pays dans des circonstances seconde guerre mondiale inconnues et par ses enfants fantasmées.
Cette nouvelle commémoration supplémentaire du 11 novembre 2008 vient les raviver. Il ne s'agit pas du même conflit pour Elle.
Mais néanmoins, c'est à se poser des questions :
où est passée toute cette famille ? Et qu'en reste-t-il ?
Une chevalière en or et large anneau : celle d'un grand père géant pour sûr ;
Cette photo toute frippée, chiffonnée par les peines et les douleurs, les nostalgies, les remords, les regrets, les impuissances, les cachotteries, un père déporté, une mère disparue, un frère tué, une langue abandonnée, d'autres apprises pour s'intégrer, mais toujours un sentiment d'abandon malheureusement jamais soigné sinon par un permanent don de soi.

Une cousine polonaise et ses enfants jamais revus. Sauf par sa fille, celle qui porte des lunettes. Pour l'évoquer encore, celle-ci peut écrire qu'un conteur breton a ravivé Son souvenir, un après midi d'été du côté de Liffré. Il faisait de ses mains, sous ses yeux tout ce qu'Elle faisait pour ses enfants, dont celle qui porte les lunettes, le tout avec le sourire et dans de grands et vastes champs allemands. Bleuets et coquelicots tout partout, Elle construisait des bouquets de baisers et des mirages bleutés. Elle jouait avec la paille et créait des boîtes et des personnages de ses doigts légers et peut-être que de Sa voix particulière elle leur racontait des histoires. Comme le conteur. En tout cas, en compagnie de son frère et peut-être déjà de sa cadette, -dans ce cas elle avait déjàtrois ans- celle qui porte des lunettes écoutait, sagement et ravie. Il est impossible aujourd'hui, à celle qui porte des lunettes, de ne pas penser à la grande maison de bois que cette famille possédait, aux bois eux-mêmes, qui devaient l'entourer, aux bêtes, aux terres, à ces biens qui auraient pu lui être transmis. Soudain, elle s'en veut d'avoir douté, voire ricané, quand leur mère leur racontait qu'en compagnie de son frère Elle allait en cachette de ses parents au cinéma ou au théâtre. Car dans cette ville auprès de laquelle elle vivait, cela pouvait être vrai : la culture était déjà bien présente : théâtres, bibliothèques....

http://www.france-belarus.com/minsk.htm

C'était son histoire. Les vérités aimeraient-elles se cacher dans les histoires. Ainsi elles sont présentes. Et les histoires, faites d'amour et de guerre, de pertes et de deuils permettraient de revivre ? Pas si facile. Peut-être nécessaire ?

Soixante années plus tard, du côté des quais de Tounis, quelque part dans le sud-ouest, dans une petite rue tient debout une maison. Ce n'est pas une isba de bois, mais c'est à Elle qu'on la doit. S'Il lisait cela, il ne manquerait pas de dire que c'est à Lui aussi. Sûrement vrai, quoique. Il n'était pas un constructeur, il n'avait pas de projet. Seulement celui d'être aimé. Elle rêvait d'un homme, un "vrai". Il n'est encore aujourd'hui, que seulement un enfant.

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