07 mai 2008

dit dit li dili dili di l'i ding ding revl'à Odile

ça craint l'orage sur la Terrassentchatche. Plus question de musique. Seulement de boucan. Vraisemblablement un vrai ramdam. Je ne dirai pas que c'est Odile. C'est Odile. Enfin une Odile. Aucun regard. Ignorance de ma présence. Attaque sans baudrier ni piolet de l'aérien escalier de briques de la même couleur qui lui-même monte à l'assaut du ciel. Arrivée au sommet, elle fait face au désert. Haussements d'épaules, bras tendus, poings en l'air, elle crie, hurle, tempête. Impressionnant surtout quand je ne peux m'empêcher d'admirer ses pieds bombés drus sur leur pointes à la manière d'un petit rat de l'Opéra de Paris of course. Plutôt audacieux. Je m'inquiète. Va-t-elle tomber ? A-t-elle décidé de mettre fin à ses jours ? De me rendre témoin de sa chute ! A sa guise. Tant pis pour elle. Je ne bougerai pas davantage que de poursuivre et mettre un terme au geste que je faisais jusqu'à son bout. Quand, à sa manière "bourrasqueuse", elle dégringole les marches de briques et débarque sur Laterrasse je finis : d'innnnnnnnnncliiiiiiiiinééééééééér monnnnnnnnnnnn poiiiiiiiiiignet pooooooooooooooooooooour verrrrrrrrrrrrser dannnnnnnnnnnns saaaaaaaaaaaa tasssssssssssse (celle du thé) mon préféré actuuuuuuuuuuel : un vrai thé au loooooootuuuuuuuus que je livre à la manière des paresseux : d'un geste lent. Comme je finis par verser celui à la menthe qu'elle adore, la voilà qui entame la discussion (ou plutôt son discours). Diling diling ding dong. La voilà partie. Quand elle s'arrête je reste abasourdi par tout ce qu'elle ne m'avait jamais dit. Et je pense que peut-être que ZiLekossar n'a pas tout à fait raison. Et d'ailleurs, lui-même, crée-t-il de l'emploi en enlevant des humains ici et là ; en crée-t-il en ne les remplaçant pas ; en a-t-il créé en inventant des postes qui n'existaient pas pour des durées fictives et non renouvelées ; crée-t-il des emplois en faisant faire des stages qui n'ont guère de suite. Je suis témoin : l'Odile, tous les services sociaux de la ville la connaissent ; tous les services sociaux dénoncent ses emportements, son errance, sa non intégration, ses excés. Depuis combien de temps déjà vient-elle me voir ? Elle ne m'avait jamais dit qu'elle s'était retrouvée licenciée, une veille de Noël, mentalement nue comme un ver, un minitel dans les bras à ramener à La Stope et toute une marchandise à renvoyer au client, de son propre téléphone à s'y faire insulter à domicile par celui-ci ! Elle ne m'avait jamais dit qu'un beau samedi matin à 5 h, elle avait été sommée par le patron de rendre ses clés dans l'instant "car vous êtes licenciée" ! Elle ne m'avait jamais dit cet entretien avec un représentant syndical et le même ex patron ; et le représentant syndical tombant d'accord contre elle avec le patron ! Défense de l'employé.... mon c.. c'est du poulet -fallait voir le ton qu'elle a employé pour me le répéter, du jamais vu- Ni même une autre fois pour un cas de force majeure inhérent à l'employeur qui déménageait -alors que ce n'était même pas vrai, mais combien faut-il de forces pour s'envoyer un Prud'homme "en l'air"- Et j'en passe, comme cette directrice d'Agence qui lui répond "Vous n'êtes pas épuisée, vous ne voulez pas travailler, non, nous n'arrêterons pas le contrat, pourtant j'aimerais pouvoir le faire, car ce que vous voulez ce n'est que l'argent du salaire !" Elle parlait d'une voix monocorde cette fois. J'étais muet. Toutes ces années, sans réponse à ses courriers, toute cette solitude, cette désignation "vous êtes un électron libre !" qui lui semblait incroyable ; et cette incapacité à ne pas se remettre en route ; ces contacts qu'elle prend, ces essais qu'elle fait pour entrer en relation malgré tout ; puis toutes ces maladresses qu'elle dit avoir faites et qui la rongent. Quelle culpabilité cachée. Et alimentée par ce statut bâtard sous lequel elle vend ses productions. Affliction. Culpabilité. Remord. Le sourire de façade -et souvent cette réflexion : "Vous êtes cool vous, rien ne vous ébranle" Finalement mieux vaut en rire. L'angoisse à l'intérieur parce que en porte à faux : Odile, Tu n'es plus là devant moi mais Chapeau ! Survivre... ce n'est pas facile. Et si toi aussi tu écrivais un bouquin pour le dire ? Le palmier se courbe soudain sur la table de cuivre à déquiller les tasses de thé ! Une bourrasque se lèverait-elle pour de vrai ? Je quitte Laterrasseentchatche fracassé.

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