28 mars 2009

Vendredi soir, normalement c'est calme dans ma ville

puisque la fiesta et les beuveries des étudiants -auxquelles je n'adhèren pas- se tiennent traditionnellement le jeudi soir. Pas si sûr. Après avoir assisté à une super répétition du "Château des Carpathes" inspiré de l'ouvrage de mon ami Jules Vernes ; après une p'tite galette, suivie d'une p'tite crêpe délicieuse soulignée de caramel au beurre salé, very fashion dans toute bonne crêperie du cru en ce moment, nous voilà remontant la rue, traversant la place et remarquant, hébétées, un attroupement un peu désordonné. Il n'est pas encore 22 h. Soudain le groupe s'éclipse, seul un dernier personnage s'attarde. Il donne à la tête de celui qui est au sol et recroquevillé sur lui-même quelques francs coups de pieds : au moins deux bien sonnés. Je l'interpelle. Des jeunes me demandent de ne pas intervenir : "Faites attention madame, il a un couteau !". Maintenant il ne reste plus sur le trottoir, que le corps du jeune homme maltraité et sérieusement à l'envers. Je suis sidérée. Je n'achète plus le journal du cru, encore moins son spécial week end, car il y a sur chacun et trop souvent un inventaire des faits divers les plus noirs et les plus sordides. Une accumulation nauséeuse et sordide. Une comptabilité dont je préfère me passer. Elle n'invite pas à relever la tête face à la crise. A l'instant, je n'arrive qu'à me déplacer auprès d'un taxi dont le chauffeur tapote sur son portable. Il n'a rien vu car il vient d'arriver mais il s'inquiète. Tous les deux nous voyons soudain le jeune gars se relever et s'asseoir le visage entre les mains. Je me rapproche : il a la tête en sang. Quand je lui conseille d'aller voir un médecin parce qu'il a été frappé au visage par deux fois au minimum et à coups de pied, il s'étonne, il ne se souvient de rien. Je les quitte, l'atmosphère est alcoolisée. Je suis bouleversée. Je regrette de ne pas connaître le karaté. Demie-heure plus tard, je prends l'autobus. Un groupe de jeunes gens montent un ou deux arrêts plus tard. Dont une jeune fille de 16-17 ans poignets décorés de bracelets cloutés, godillots de beau cuir ceinturés de chaînes d'acier et dans la bouche un langage des moins châtiés. Commentaire de la personne qui m'accompagne "Vu la crise tout ça va s'accentuer". Et d'ajouter avec humour "A partir de ce soir j'interdis à mon fils de sortir jusqu'à l'âge de trente ans" Et moi de penser : "elle a bon dos la crise. Elle a bon dos Pour la démission de tous"Espérons que non Loizo. Tu te tais Loizo ? Je me tais Lodile, je me tais. Secoué, Loizo ce soir, ne pense même pas à m'offrir un thé à la menthe. Je cours dans ma cuisine m'en offrir un, pour reprendre mon calme. Allez, chut... et bonne nuit malgré tout. Quoique. Le voisin tape avec son marteau : il est 0 h 35 Des plaintes et gémissements se font entendre ; des hurlements aussi. Ce n'est pas que je ne veuille pas aller porter secours. Mais je ne suis qu'une femme, seule de surcroît et je trouve tout cela trop dur pour moi. Il est 1 h 21. Dodo... avec les boules quiés.

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