26 mai 2007

Fête des mères

Un espéré et fameux pain aux raisins. Je mesure aujourd'hui sa solitude face à la mienne. Courageuse, elle sortait. Seule. J'imagine qu'elle poussait la porte de Bouchara. J'imagine qu'elle nous voyait virevoltant dans les pois, jouant dans l'écossais, rieuses dans le plissé soleil alors qu'elle touchait de ses doigts les Vichy, faille, shantung, moire, soie sauvage ou madras. Manches ballons ou taille basse, martingale ou col Claudine, revers, ou bretelles, biais ou fil droit, tous ces noms-là, grâce à elle, m'ouvrent aujourd'hui de nouveau leurs univers. J'imagine qu'elle entendait les gens parler. Qu'elle n'osait leur adresser la parole. A moins qu'ils n'eûssent souhaiter qu'elle les renseignât (wouaou waouh) Elle aime aider les gens. J'imagine qu'elle regardait ici ou là encore une fois. Avant d'entrer dans sa boulangerie préférée pour acheter ses viennoiseries préférées. Ronds, quasi feuilletés, entortillés, truffés. Quand on la retrouvait on se jetait sur elle qui souriait. "Lâchez-moi lâchez-moi brigand brigandes, je vous les donne" On la libérait. Quelques minutes plus tard, nouvelle nappe fraîche, délicat service aux anémones colorés, plateau tournant, thé fumant et chocolat épais versés, nous dégustions chacun-chacune l'espéré et fameux pain aux raisins. Ma mère étrangère... merci.

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