18 mai 2007

La course à la ricoche

Son goût pour l'arc-en-ciel népalais d'hier. Pardon. N'est pas né d'hier. Et cette illustration kidnappée sur un site ami lui permet de retrouver une jeune enfant dans une toute petite salle de bain. Elle s'y tient en compagnie d'un géant. Il ne sait pas qu'elle ne le quitte pas des yeux. Elle a échappé à l'attention maternelle. Il tient lui, un bras quasi immobile. Et laisse l'autre se mouvoir. Il remonte en diagonale de bas en haut, d'un maxillaire inférieur à l'opposé d'une joue. Il chantonne son scoop "J'ai la rate qui s'dilate, j'ai le foie...." Plus tard elle comprendra pourquoi il est devenue infirmier. De la lame d'un coupe-chou, préalablement aiguisée sur une longue règle large et plate, il trace dans une neige blanche des chemins ensoleillés. Le "coupe choux" scrhreuche à chaque remontée ! L'enfant tend l'oreille à chaque passage : le coupe chou est musicien. Elle retrouve dans sa mémoire le mouvement du pinceau trapu et éventaillé, large, souple et étonnamment coloré. Elle suit encore le mouvement en huit du pinceau sur le rond savon à barbe. Et l'imagine se chargeant de l'épaisse mousse blanche qu'il déposera sur le visage de son géant préféré. Elle sent sur le bout de son nez le dépôt blanc, frais et furtif. Elle surprend son mouvement fugace et rit aux trois mots qu'il dit, fraises sur le tendre gâteau : "Pour la petite chipie !" Et si hier elle faisait semblant de fuir, aujourd'hui la grosse voix du géant lui manque. Soudain sur l'écran les gouttes d'eau font une course à la ricoche. L'arc-en-ciel a rendez-vous avec elles.

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