26 février 2007

Sais-tu ce qui m'arrive Loizo ?

Je n'ai pas même le temps de lui répondre "Non, mais entre donc" que le pauvre gong dongde blingue sans même prendre le temps de vibrer ! Houlà là. Comment-va-t-elle se montrer !
On n'a pas toujours raison de préparer nos pensées. La voilà tout sourire aux lèvres. Pour une fois, c'est moi qui pose la question : "Bien le bonjour pitchoune. C'est ainsi que je la surnomme. !"
J'aurais dû m'abstenir. C'était pas le jour. "Appelle-moi Odile, s'il te plaît. Souligner deux fois dans la même journée mon côté enfant c'est au moins une fois de trop. Surtout pas toi !"
"Heiiiiiiiiiiiiiiiiin !" Crie-je, "Qu'est-ce qu'il y a !"
"Rien" répond-elle, "sinon que j'ai frisé un pire et qu'il est heureux que j'aie rencontré un texte de Merleau-Ponty juste sous mon nez. Je n'ai eu qu'à glisser mes yeux dessus pour, me mettre à réfléchir !"
"Allons bon Odile, il me paraît favorable de t'allonger. N'hésites pas" Je lui montre du doigt le deuxième hamac, bleu lavande, ou le tapis de sol, vert absinthe. Je précise "Tu as de l'eau fraîche à ta droite" Je la regarde. Ni ne choisit l'un ni ne choisit l'autre. Elle défait lentement les lanières de ses sandales, s'assied sur le bord du bassin et plonge ses pieds au frais. Les babils des poissons rouges frémissent en rondo.
Elle se tient silencieuse. Je n'ose m'aventurer. J'ai les plumes fragiles ! Je ne vous l'avais jamais dit ? Et bien, je vous le dis. Et si elle continue, elle va l'apprendre à son tour. Jelance, le ton volontairement léger : "Alors ? Comment vont les amoures aujourd'hui !" La phrase à ne pas dire : elle m'exclame un "Infantiles !" en majuscule !
Je n'y suis pour rien, moi le Majeur !
Et comme elle tourne la tête, j'aperçois ces yeux clairs et son sourire "J'ai fait exprès, mais heureusement que j'ai rencontré le texte de Merleau-Ponty. Sinon !" Je hasarde un "Ôte-moi d'un doute : c'eût été pire ?" Sûrement bien plus que certain !" Elle me fusille du regard. Je me tais.
Puis je m'avance "Au fait, le texte de Merleau Ponty, il parle de quoi ?" Elle laisse tomber un laconique "Du sujet" Soit. Mais je suis un brin fragile, il me faut des points sur les iiiiii..... Je hasarde encore "C'est à dire ? Plus précisément ?" Elle se lève et danse en chantant sur tous les tons "Autrui !" Autrui en profite, je joue à danser avec elle. Et en même temps lui glisse un "C'est à en savoir davantage.!"
Elle éclate en rires, en larmes, en paroles. Et bientôt les titres tombent. Tous. Mais comment fait-elle pour n'en oublier aucun ? Et de quoi parle-t-elle ? En vrac, elle libère des sortes de sujets : le langage non violence, les conditions de dialogue, l'élaboration d'un "terrain commun", l'écart et la proximité, la collaboration nécessaire, les rôles échangeables, l'espace pacifié, langage et culture et une CONCLUSION, qu'elle me déboule comme si elle l'avait apprise par coeur : "Le dialogue authentique n'est pas une situation exceptionnelle. Et s'il est vrai qu'il me permet d'accueillir autrui comme m'autorisant à mieux être, il est clair qu'il ne peut être, moralement parlant, qu'encouragé. Même si cette relation entre deux personnes peut sembler peu capable de régler des problèmes collectifs ou sociaux, au moins peut-elle fonder l'espoir que l'homme puisse vivre pacifiquement pourvu qu'il se mette en situation de dialogues, non seulement ses proches immédiats, mais avec tout autre interlocuteur !"
Et de tomber sur le tapis absinthe, de ramener ses genoux au menton et de somnoler à la musique perroquéenne : ils rentrent chez eux, deux par deux ! Vite mon hamac s'il vous plaît.

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