Un jour, Odile est entrée sur la Terrasse en dilingdingding dant grave sur le gong d'or et en se raillant elle-même.
"Ya vraiment pas plus dingue que moi sur la terre ! Loizo, vraiment pas ! Suis-je vraiment magicienne ?"
Je l'ai modérée aussitôt :
"Allons Odile, ne dis pas plus d'ânerie que nécessaire à ton propos !"
A ce moment-là nous avons entendu un âne brire, pardon braire -de plaisir parce qu'il avait dû tomber sur un super chardon- Sitôt après elle m'a regardé en ne retenant pas son rire léger... "Tu vois" me dit-elle "même l'âne m'a reconnue !"
J'étais éberlué par cet à propos animalier inespéré. A qui le mettrait en doute, je proposerais, sans crainte aucune, de mettre ma main au feu. J'ai demandé à Odile ce qu'elle voulait dire. C'est alors qu'elle m'a rappelé cette façon particulière qu'elle avait, de réaliser, devant un écran ordinateur, plein de choses exceptionnelles dont le pourquoi du comment lui échappaient régulièrement. J'ai levé le menton vers elle pour l'inviter à poursuivre. Alors elle m'a expliqué qu'elle avait dû cliquer la veille sur l'une de ces fameuses touches F numérotées de ces chiffres carrément magiques qui vont de un à neuf.
Preuve étant que ce matin même, quand elle s'était levée, elle avait, comme à son habitude, allumé son ordinateur. Et aussitôt remarqué la disparition du rameau de noisetier choisi comme fond d'écran. En me regardant, elle me précisa qu'à la place elle avait trouvé un verre de mojito, un de ces beaux verres comme je les aimais, super blanc brillant transparent, glaçons, quart de lime et feuilles de menthe compris. Si rafraîchissant, que me prenait souvent l'idée de pouvoir m'y baigner. C'était si vrai que j'ai opiné du chef en lui souriant. Même Hemingway ne m'aurait pas contredit.
J'ai de nouveau modéré les propos d'Odile et je lui ai répondu qu'elle n'était pas dingue et que ça me rassurait moi-même ; qu'elle n'était pas magicienne et que ça me décevait à peine ; car elle était douée, tout simplement douée et que j'aimais les gens qui étaient doués. J'ai ajouté qu'il fallait peut-être qu'un jour où l'autre elle se mette à croire en elle. C'est alors qu'elle m'a répondu que ça lui faisait peur ! J'ai donc sur le champ, modéré de nouveau ses propos par un "Allons donc Odile, que dis-tu là !" de l'air du baroudeur jamais dépassé par le moins quelconque des événements.
Elle en a profité pour reprendre mes mots et dire que justement elle avait décidé d'aller en ville, trop troublée par son savoir faire intuitif. Elle avait donc laissé la serrure obéir aux pouvoirs de sa clef ; la coursive, l'emporter jusqu'au premier envol de marches ; injoncté celles-ci à ne pas la précipiter trop vite en avant ; et s'était finalement laissée attraper par les bras que l'abri-bus lui tendait. Elle s'était aussitôt raidie en apercevant derrière ses épaules la grande affiche sur laquelle apparaissait, en entier, un verre de mojito géant, super blanc brillant transparent, glaçons, quart de lime et feuilles de menthe compris !
Elle avait aussitôt pensé qu'elle était responsable de ça et avait eu peur, pour de vrai cette fois ! "Sincèrement ça m'a fait peur Loiso, je te le dis, surtout que j'ai poursuivi mon chemin dans l'autobus et que tous les abris-bus offraient aux yeux, une fois sur deux, ce même verre géant !
A cet instant précis je l'ai vue écarquiller les yeux et entendue me dire d'une voix déçue "Tu le sais bien pourtant que je préfère le punch coco !" Que voulait-elle dire ?
J'ai tourné la tête dans la direction qu'indiquait par son regard : ce fut, cette fois, à mon tour d'avoir peur car si j'étais bien certain de n'avoir rien préparé la chose restait vraie. Sur le plateau de cuivre rouge, au niveau de mon hamac bleu, ma main tendue aurait pu saisir l'un des deux verres de mojito géant, super blanc brillant, glaçons quart de lime et feuille de menthe compris. ???????
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