26 décembre 2006

sur la terrasse, dans le hamac

... enroulé comme un bébé, limite emmailloté, moi Loizobleu j'ai replié mes plumes. Je me laisse aller, à venir, repartir, respirer, doucement. A écouter la caresse curieusement crissante des feuilles de palmier. A surprendre le glougloutis du jet d'eau. A observer le déplacement de ma vieille pierre verte préférée -oui, j'ai une tortue- Pendant qu'une girafe me regarde par dessus le mur surprise de me découvrir, j'entends les grenouilles discuter. Rien ne m'échappe : mon perroquet a tout compris : il chuchote. Oui oui, les perroquets savent chuchoter en famille. Merci cousin. Le hamac s'immobilise. Serpent, je m'en délove, pardon délivre et longuement allongé me laisse aller jusqu'au bout des plumes. Les paroles d'Odile me reviennent ; elle m'a quittée il y a peu ; le ding dong bong a raisonné à l'inverse. D'un son différent, un rien plus cohérent, plus lourd, plus sourd. Elle était heureuse. Elle me parlait d'un homme qui traversait la Sibérie. Par pleine neige. Me décrivait ses rencontres. Se prenait pour un accordéon, Odile en accordéon, trop fort, marmonnait quelquelques extraits de biline ....en anglais on dirait yaourtait : Odile yaourtant en russe : trop marrant. Décrivait les gens que croisaient l'homme : leurs vêtements, de peau partout. Bonnets, pardon chapka, manteaux, bottes, gants. Et rigolait. Comme je ne voyais rien de drôle, ceux qu'elles me décrivaient me faisaient penser à des êtres monstrueux, je l'ai questionnée : pourquoi tu ris ? Je me rappelle. Quoi ? Qui plutôt. Et elle poursuivit. Un enfant auquel je racontais l'histoire de Dalantaï le berger. Et alors ? Je l'ai décrit avant de voir l'homme. Je disais qu'il portait un bonnet de laine noire d'agneau frisé astrakan, une longue pelisse fourrée et de grosses bottes poilues comme ses gants. L'un des enfants a dit "tu parles d'un sorcier Odile !" Elle s'était questionnée aussitôt. Avait trouvé la réflexion de l'enfant -vraiment petit d'ailleurs- intéressante et s'était satisfaite d'avoir décrit une image inventée qu'elle savait maintenant, grâce à l'homme, vraie. Cette constatation lui avait tant plue qu'elle en avait profité, rieuse, pour me quitter. Et moi, enveloppé d'air chaud, j'avais en tête cet homme qui se protégeait du froid tout habillé de peaux. A en avoir soudain besoin de frais. Du coup, bien sûr que bonne la vodka, très bonne. Allez, servez-vous , oui, la bouteille sur la table de cuivre, et les petits verres aussi. Les casser ? Oh, pourquoi pas, si ça ne vous glace pas ! Revenez quand vous voudrez. Salut

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