16 avril 2007

Philisophe Lodile dilin diling ding dong

Age. C'est le sujet. D'évidence on la verrait dans la mode. D'évidence, on la devine longiligne. Pourtant elle se tient assise dans un fauteuil crapaud. Princesse. Coupe au carré et longue frange brune. Bras et cou dignement dissimulés par un t.shirt blanc sur pull noir et pantalon de même. C'est une interwiev. Sujet et titre subtil de son ouvrage : "Passé de mode" soit, la compréhension soudaine de la réalité de la soixantaine. Blabla blabla bla bla bla. Elle dit avoir arrêté son âge à 17 ans. Eternelle adolescente dont elle porte l'apparence. Elle est émouvante. Et drôle. Car lucide. Pas de chirurgie esthétique : elle veut se voir "devenir", comprendre une à une où vont se poser ses rides. Elle dit que sa mère et sa grand-mère y sont pour quelque chose . Elles ont fait ainsi. Ainsi reste-t-elle objet d'elle-même, comme au cours de ces quarante trois années où elle n'aura visiblement fait, que regarder ses dix sept ans. "Et avec votre fille, comment faites-vous ?" Elle dit, -du moins ce que je crois avoir compris- "C'est ma fille qui fait avec moi". Elle raconte l'histoire d'un petit haut de métal qu'elle lui prête, mais qu'elle veut garder, même si elle ne le mettra plus. Elle dit l'interrogation de cette fille "Mais si tu ne pars pas qu'allons-nous faire, nous qui suivons ?"Question. "Justement, que pensez-vous des collègues qui souhaitent votre départ ?" Elle hésite un moment. Réfléchit. Donne une réponse "Ce n'est pas à nous de partir. C'est à ceux qui suivent de prendre la place !" Je me réfère aux contes. Les temps ont bien changé. Ils transmettaient. Le meunier préparait son départ et partageait son héritage. Les deux frères étaient horriblement méchants avec le plus petit mais les parents ne le défendaient pas. Il partait. Le fils unique s'en allait trouver la rose qui guérirait son roi de père. Il trouvait sa princesse. Le père en tombait amoureux. Le fils le tuait. Bien sûr que symbolique. Mais justement la symbolique s'effrite. Alors les cheveux restent noirs, les vêtements les mêmes et la confusion et le leurre font le reste : les âges se mélangent : les hommes vampirisent les jeunes filles et les femmes, et celles-ci de plus en plus, les jeunes hommes. Ces derniers et leurs soeurs, bien meilleurs aux techniques, ont moins d'expérience côté relations humaines. C'est bien connu : c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes : vieil adage d'aucune modernité. Quoique. Un, deux, trois, quatre générations se confrontent aujourd'hui... Me revient en mémoire cette publicité pour Vinéa : Deux voitures se rejoignent au feu rouge. Dans l'une deux jeunes gens. qui sourient à la jeune conductrice mais s'extasient sur le visage vinéasé de la mère qui se penche vers eux, volontairement. Volontaire mise en avant "répugnante" de la rivalité d'une mère envers sa fille. Me rappelle une anecdote vécue avec ma fille : unous traversons une place. Ensemble nous sommes plutôt rieuses. Nous riions. C'est tout. Il émane de nous tout simplement que chacune est à l'écoute de l'autre. Un jeune homme se détache d'un groupe et s'adresse à ma fille, qui a pratiquement son âge. "Putainnnnnnnn la chance que tu as d'avoir une mère canon comme la tienne !" Je surprends une telle détresse sur le visage de ma fille que je me retiens pour ne pas le traiter de pauvre couillon -je respecte nos cons !- J'ai pensé moi, qu'il était temps que je m'efface. Que je lui laisse la place. Je pense qu'il faut aller dans ce sens là. Et dans le même ordre d'idée, puisque je suis seule, si je venais à rencontrer quelqu'un, il ne pourrait avoir son âge.

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