28 juillet 2008

De la part d'une copine à Lodile

Je me suis surprise récemment à dire "Qu'elle est belle ma place de la Mairie à Rennes". Ce possessif s'est imposé avec tranquillité tu vois Lodile. Il n'empêche que je garderai toujours un souvenir affectueux pour ma vieille place aux Cornières de Lauzerte. En ce temps-là et en son centre, elle hébergeait une haute halle -j'étais enfant- sous laquelle se déroulait, entre autre, le marché et aussi le bal du mois d'août au cours de la Fête dite de la Ville, donnée à l'occasion de la célébration de la Saint Barthélémy.
Et la foire aux bestiaux et celle aux chiens comprise.
Mes parents avaient un couple voisin et forain -Monsieur et Madame Dausse que j'aimais beaucoup- Avec quelques autres, dans leur petite salle de vie, je, comment dire, m'exercais parfois d'un savant glissé-pouce-index-main droite, à ouvrir des sachets de célophane bien luisants et argentés et même chantants, pour y introduire des cacahouètes, des bonbons divers ou des chouchoux -à manger ces derniers et non pas à mettre dans les cheveux-
Il me revient aussi que sous la halle on collait, sur de belles longueurs de fil, des triangles de couleurs destinés à être suspendus d'une maison à l'autre pour égayer les rues à la même occasion : des guirlandes. Et que c'est aussi à l'occasion de cette fête que cerises ou pruneaux à l'eau de vie goûté(e)s, j'adore encore. Bien sûr je rêve toujours du double petit pain chaud et sucré de Camille Larroque. Et à ce propos il me semble que je ne tarderai pas à évoquer les macarons de Pierrot Bonnet dont le magasin faisant face à la Barbacane avec de bons yeux faisait presque face à Molière -il me plaisait de croire que ce petit village était le lieu de naissance du célèbre auteur- Et aussi, sa fameuse et fine croustade d'or livrée de nuit dans la maison de mes parents et les over-doses de ses choux à la chantilly commises par mon père qui en raffolait : le dernier score de celui-ci ? Faudra que je l'interroge la prochaine fois que je le joindrai. Nous avons beau être voisin il n'a guère plaisir à me fréquenter. Dommage. Mais de quoi fantasmer et d'autant plus sur une prochaine fournée de contes sucrés dont il serait le héros. Lui qui a pris cette si tendre photo jointe, qu'elle me permet de devenir de jour en jour spécialiste de la paresse ma plus souple et plus heureuse des légitimités. Je suis née de la paresse, de la flânerie, du vagabondage, de la rêverie, et c'est à Lauzerte que j'y ai pris goût : à travers ses petits chemins ombrés qui nous menaient à La Vigne, à Vignals, en passant par le pont de Paillasse, en-dessous de Beaucaire, ou encore au Moulin de Tauran. Comment ne pas être gagné par la paresse à la seule vue, dans ses rues, de ses étroites zones d'ombre coupées au cutter par un soleil torride. Des siestes obligatoires derrière les volets à persiennes j'ai gardé ce goût pour l'identification de tous les sons qui nous parvenaient. J'ai d'ailleurs aujourd'hui à l'oreille -mais il ne faut pas le répéter- ces portes qui s'ouvraient aussi silencieusement que possible mais pas suffisamment cependant et le bruit particulier du glougloutis d'un arrosage interdit... pour cause de sécheresse. C'était quand déjà : deux, deux mille.... Chut, je n'en dirai pas plus. Bel été à tous sur les chemins de Compostelle surtout si vous vous arrêtiez à Lauzerte et que vous y laissiez résonner rue de la Gendarmerie le cri de votre bâton : je l'entend de Rennes où je vis : il "monte". Je l'écoute à l'instant où il silence parce que subitement vous vous arrêtez et que vous commentez la fenêtre à ogive de Lulu -c'est ainsi que ma mère disait- ou celle de Dosse, le scieur de bois ou que vous envisagez la possible rudesse hivernale de ce petit pays. Dans l'obscurité de la vieille cuisine seulement traversée par un puissant rai de soleil, j'éc oute votre bâton reprendre sa route et quitter l'actuel Lauzerte, qui à force de ressembler au Lauzerte des temps d'antan, ne ressemble plus au mien. Mais peut-être que je ne fais que rêver ?

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